NEW YORK (Nations Unies), 1er avril (Xinhua) — La diminution des tensions interethniques et du sectarisme au Nigéria, ainsi que la lutte contre la menace croissante présentée par le groupe terroriste Boko Haram dans la région, passent par une nouvelle donne politique, économique et sociale, a déclaré mercredi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein.

“Les inégalités profondes, la corruption et la marginalisation qui en résultent, génèrent naturellement des mécontentements. Et plus les gens sont marginalisés et désespérés, plus ils sont susceptibles de se tourner vers des mouvements radicaux et violents”, a expliqué M. Zeid au siège du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève.

Dans ses remarques préliminaires lors de la journée d’ouverture de la vingt-troisième session extraordinaire du Conseil, le Haut-Commissaire a mis en garde la communauté internationale contre “la situation critique des droits de l’homme” engendrée par les atrocités de plus en plus horribles perpétrées par Boko Haram dans le nord du Nigeria et la région du lac Tchad, situation que seules des initiatives en faveur du développement, a-t-il estimé, permettraient d’enrayer.

La convocation de cette réunion d’urgence du Conseil, dont l’objectif est de faire la lumière sur les attaques terroristes et violations des droits de l’homme commises par Boko Haram, fait suite à l’initiative des Etats du Groupe africain de l’ONU, qui en ont déposé la requête auprès du président du Conseil, Joachim Gauck, par l’intermédiaire de l’Algérie.

Depuis 2009, année durant laquelle Boko Haram a intensifié sa stratégie de recours à la violence à grande échelle, plus de 15.000 personnes ont été tuées, d’innombrables hommes, femmes et enfants ont été enlevés, maltraités et recrutés de force, et les femmes et les filles ont été la cible d’abus particulièrement horrible, y compris l’esclavage sexuel, a déploré le chef des droits de l’homme des Nations Unies.

“Ce carnage méprisable et aveugle, qui constitue une menace claire et urgente pour le développement, la paix et la sécurité, doit prendre fin”, a insisté M. Zeid, ajoutant que les dirigeants de Boko Haram doivent savoir qu’ils seront tenus pour responsables devant un tribunal de droit pour ces “effroyables violations des droits humains”.

La terreur semée par Boko Haram a non seulement engendré l’instabilité dans le nord du Nigeria, mais également au-delà des frontières du pays, entrainant notamment le déplacement de plus d’un million de personnes à travers la région.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), les derniers mouvements de réfugiés en provenance du Nigeria devraient porter le nombre total des réfugiés nigérians au Cameroun à près de 66.000.

Dans les autres pays voisins, ces chiffres sont également en hausse : environ 18.000 personnes ont fui vers l’ouest du Tchad, dont 15.000 depuis le mois de janvier, suite à l’offensive de Boko Haram contre la ville de Baga, dans l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria ; et plus de 100.000 personnes ont déjà trouvé refuge au Niger, malgré une situation humanitaire qui se détériore et la multiplication des attaques du groupe terroriste contre les villes frontalières

nigériennes de Bosso et Diffa.