Après Paris, il y a deux ans, le Nigeria, «pays d’origine de Boko-haram» accueille, aujourd’hui samedi 14 mai 2016,  une rencontre sur la sécurité pour essayer de mettre fin à l’insurrection de Boko Haram. Prennent part à ce sommet : le président François Hollande, Antony Blinken, secrétaire d’État américain adjoint, le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond et bien évidemment les chefs d’État des pays frontaliers du Nigeria (Bénin, Cameroun, Tchad et Niger) aux côtés d’une délégation de l’Union européenne et des communautés économiques d’Afrique de l’Ouest et Centrale (CEDEAO et CEEAC).

Quel enjeu ce sommet consacré à la secte nigériane ? Il est difficile de répondre à cette question, avant la fin de ce conclave, mais l’on suppose que «la réussite des opérations militaires » en cours, et «la résolution rapide de la crise humanitaire » méritent d’être revues et repensées. En tout cas, depuis l’arrivée de Muhammadu Buhari à la tête du Nigeria, il y a une année, l’armée a multiplié les succès militaires contre cette secte, amenant le président à déclarer que Boko-haram était «techniquement» étrillé. Mais les attentats-suicides continuent d’endeuiller des familles au Nigéria, au Cameroun, au Niger et au Tchad. Et la forêt de Sambisa (nord-est) reste un bastion de ces rebelles de Boko-haram.

Les facteurs ayant contribué à l’émergence de la secte nigériane dans le bassin du Lac-Tchad, notamment la pauvreté et le sentiment de ségrégation des habitants du nord du Nigéria, majoritairement des musulmanes restent des facteurs de fragilisation dans la région malgré les efforts tardifs de certains de la zone.

Bien qu’affaibli, la secte nigériane loin d’être défait dans son dernier retranchement. Le rapport de Crisis Group publié début mai alertait déjà contre des annonces de victoires hâtives. Même Anthony Blinken,  reconnait que Boko Haram avait certes été «énamouré»,  mais prévient-il, le groupe est loin d’être défait, au vu des surveillances de drones menées par Washington au nord-est du Nigeria.

L’autre enjeu de la discussion d’Abuja sera certainement, l’allégeance de Boko-haram à l’État islamique, il y a un an. Dans leur déclaration unanime adoptée vendredi, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU se sont « alarmés » des « liens entre Boko Haram et l’État islamique », et soulignent que les « activités de Boko Haram continuent de compromettre la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ». Le Conseil de sécurité de l’ONU souligne que certaines des exactions de Boko Haram « pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ».

Dans tous les cas, la force militaire, multinationale soutenue par l’Union Africaine (UA), et qui comprend 8500 hommes originaires du Nigeria et des pays frontaliers (Niger, Cameroun et Tchad), est au cœur des discussions du sommet. Les discussions devraient aussi porter sur les effets humanitaires de ce conflit qui a fait plus de 20.000 morts depuis 2009 et contraint plus de 2,6 millions d’habitants à fuir leur foyer.