30 ans après la signature de la Convention internationale des droits des enfants (CIDE), au Tchad, le droit d’être soigné, protégé des maladies… demeure un rêve pour les enfants du centre Dakouna Espoir, situé à Moursal dans le 6ème arrondissement de N’Djamena.      

Allongés sur des bancs dans la cour du centre Dakouna espoir, des enfants somnolent. D’autres s’apprêtent à prendre le chemin des classes. Au fond du centre, certains restent adossés au mur. Dans cette ambiance, Jules Dassisi indique qu’il n’ira pas à l’école, faute de chaussures.

Jules Dassisi  a rejoint le centre Dakouna Espoir suite aux difficultés de sa prise en charge par ses parents. ’’ Dans notre famille, les moyens manquent. Ils n’arrivent pas à m’inscrire à l’école et pourvoir à mes besoins. En 2016, j’étais obligé de sortir’’, avoue-t-il d’un air triste.

Faute de moyens, le jeune a mis deux ans dans les rues de N’Djamena. En 2018, ses amis lui ont parlé d’un centre qui accueille des enfants de la rue. Jules a décidé de le regagner avec l’espoir de voir sa situation changée.

Aujourd’hui, Jules Dassisi est inscrit à l’école mais fait face à des difficultés d’ordre social. ’’En cas de maladie, des fois si nos maîtres ont de l’argent, ils nous amènent à l’hôpital. Au cas où ils n’en ont pas, on reste à la maison. On n’a pas une prise en charge sanitaire’’, indique-t-il.

Comme lui, Allarassem Eric a vécu des difficultés avant d’être accueilli dans ce centre. Il a quitté la ville de Sarh pour regagner sa mère à N’Djamena. Quelques mois après sa venue, cette dernière est morte et Allarassem Eric s’est retrouvé dans la rue où il a passé 7 mois avant d’être accueilli par Dakouna Espoir.

Les difficultés 

Le 22 octobre, les enfants dudit centre ont été expulsés du local par le bailleur. Cela suite au non-paiement du loyer. Ils ont mis de nouveau six jours dans la rue. Car le bailleur réclamait une année d’arriérés des frais de location. Il a fallu l’intervention du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour payer les arriérés et permettre à ce que les enfants réintègrent le centre.

Le centre Dakouna Espoir, créé en 2017, peine à avoir une autorisation définitive pour demander de partenariat avec des ONG, et autres associations. ’’C’est la lenteur administrative, nous avons fait toutes les démarches depuis plus de deux années déjà. Le dossier a été perdu, on a relancé, encore perdu, on est reparti plus de quatre fois’’, indique Aleva Ndavogo Judes, le responsable du centre. Il compte à ce jour 67 enfants, dont une fille.

L’Etat interpellé

L’espoir des enfants dudit centre est de voir leur situation s’améliorer. ’’Je demande à ce que l’Etat nous construise un centre spécial où on va rester sans avoir des problèmes. Actuellement, on est en location, et à un certain moment, il n’y a pas l’argent pour payer le loyer’’.

30 ans après la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), la situation des droits des enfants au Tchad reste déplorable. ’’Le droit d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une alimentation suffisante  et équilibrée’’, qui figure dans les 54 articles de la CIDE demeure un rêve pour beaucoup d’enfants  tchadiens, dont ceux du centre Dakouna Espoir.