D’une façon ou d’une autre, l’année 2022 sera particulièrement rude pour le Tchad. L’actualité se traduit par les massacres de Sandana et d’Abéché, les incendies à répétition décimant un pan important de l’économie, la hausse drastique du prix du pain à cause de la flambée du prix de la farine sur le marché, le climat politique qui ressemble à un incontestable jeu de hasard et la énième défaite de l’équipe Sao de football face à la Gambie qui vient assombrir un peu plus l’avenir du ballon rond au Tchad. Mais soit, revenons à ce qui nous intéresse : le feu, le pain et surtout la famine qui se pointe à l’horizon.

Au nom du feu…

Une trentaine de grands incendies ont décimé marchés, boulangeries, maisons, boutiques… partout sur le territoire tchadien ces deux derniers mois. Ces incendies imputables à bien de raisons tant humaines (négligence, mauvaise utilisation d’appareils électriques, incendies volontaires, feux de brousse, feux mal éteints…) que techniques auraient coûté plusieurs millions de FCFA à un pan important de l’économie tchadienne. Même si les victimes geignent et que des gens aient perdu les leurs, aucune mesure ne semble être prise ni par l’État, ni par les personnes détenant des établissements et commerces susceptibles d’être incendiés d’éviter d’arriver au pire. Les épisodes de fortes chaleurs sont à prévoir les mois à venir, les coupures d’électricité ont de beaux jours devant elles et plusieurs paramètres techniques sont à prendre en compte pour éviter que cela s’empire.

Pendant que les incendies semblent faire leur bonhomme de chemin malgré le désarroi de la population, l’actualité du monde fait grimper de quelques francs le prix du pain. Et dans le conscient collectif, les gens ne semblent pas tout comprendre.

De la flambée du prix du pain…

Le monde entier semble subir les effets de la guerre en Ukraine. Ces conséquences se répercutent sur le pouvoir d’achat déjà faible du tchadien par rapport à la hausse des prix de la farine de blé impliquant des hausses de la plupart des prix des produits à base de cette farine dont le pain qui est passé de 100 FCFA à 125, voire 150 FCFA. Cette situation déjà particulièrement complexe ne semble pas trouver de nouvelles issues vis-à-vis du mois du Ramadan qui voit les prix des denrées de première nécessité (huile, sucre, oignon, farine…) augmenter de façon drastique sans qu’aucune mesure de régulation ne soit prise à cet effet par l’État. Une situation qui vient confirmer la grande dépendance du Tchad aux produits de première nécessité venus d’autres pays, son enclavement et son faible investissement dans l’économie nationale.

Et de la très imminente famine

Le Tchad souffre souvent des péripéties de fortes famines. Ce, depuis des décennies ! Cela est dû à plusieurs facteurs dont la pluviométrie très capricieuse ces dernières années à cause du réchauffement climatique.

Tous les experts s’accordent sur le fait que la pluviométrie de la saison dernière est faible et qu’il faudrait trouver les moyens d’anticiper la calamité qui pourrait s’abattre incontestablement sur les familles tchadiennes. Le ‘’chahar tamaïné’’ (mois d’août/période de soudure), s’annonce déjà rude car plusieurs greniers seront vides et la plupart des prix ne seront pas à la bourse de tous les Tchadiens.

Le fragile équilibre entre la pluviométrie et les pratiques de certaines cultures devront être surveillés de près car une faible pluviométrie ou au contraire un trop plein d’eaux de pluie provocant des inondations pourrait être néfaste pour la production agricole.

Au nom du feu, du pain et de l’imminente famine, le Tchad devrait être placé en alerte rouge car l’actualité (incendie, politique, climat…) ne va pas en sa faveur…