Tombé dans le métier à l’âge de 18 ans, Alladoum Moïse, aujourd’hui 59 ans, fait partie de ceux qui savent s’approprier un métier. Rencontre avec ce maître tailleur qui est fier de son métier.

Né le 26 mai 1964 à Fort-Archambault, actuel Sarh, Alladoum Moïse n’a pas eu la chance de pousser loin ses études. Son père était décédé tôt.  En 1982, alors qu’il avait 18 ans, il a décidé d’embrasser le métier de couturier.  «  J’ai commencé à apprendre le métier de couture (dame) avec mon oncle. Ce n’était pas facile, il fallait se lever très tôt le matin pour nettoyer l’atelier, faire du feu pour le fer à repasser à charbon et ensuite commencer à ranger les pagnes des clients par ordre pour la couture”, se souvient-il. A l’époque, dit-il, le tailleur était respecté et il y avait de l’ordre. “Si vous arrivez avec votre tissu en 3ème position, sachez que vous serez servi selon l’ordre des pagnes qui sont arrivés avant vous”, poursuit-il.

Après avoir suivi une formation d’un an chez son oncle, Alladoum Moïse va s’inscrire au Groupement militaire numéro 4 de  Sarh où se trouvait à l’époque un centre de couture. Il s’y perfectionne en couture, précisément les tenues des militaires.

En 1988, le passionné de la couture décide de s’envoler de ses propres ailes. «  Avec le peu d’économie que j’ai eue, j’ai décidé d’aller m’installer au marché central de Sarh où je me suis spécialisé en couture homme précisément dans la couture des contre-vestes et vestes”, dit-il. Et l’aventure a commencé. Son petit atelier a commencé à avoir du succès. Les clients se comptent par dizaine parmi lesquels des ministres, des hommes d’affaires, se réjouit celui qui a la maîtrise du ciseau.

La couture a fait de lui un homme qui n’a pas à envier un fonctionnaire. « Avec la couture, je gagne ma vie. J’ai envoyé mes enfants étudier à l’extérieur, deux en Europe et un au Cameroun. Le seul véritable problème qui me tracasse est celui des patentes qui augmente chaque année », affirme-t-il.

Alladoum Moïse affirme qu’il souhaite bien ouvrir un centre de formation en couture afin de donner à certains jeunes tchadiens une seconde chance de rêver dans la vie mais les moyens lui font défaut. « Je suis ouvert, engagé et déterminé à léguer mes connaissances à mes fils, cadets tchadiens qui ont perdu espoir. La couture est un métier par lequel nous devons valoriser le tissu tchadien à travers des modèles simples et typiquement tchadiens », dit-il.

Pour le moment, le quinquagénaire peut être fier des fruits de ses formations. “J’ai formé beaucoup de jeunes qui aujourd’hui ont eu la chance de travailler à la Manufacture des vêtements de N’Djamena et d’autres sont devenus des stylistes en République centrafricaine”, témoigne-t-il.