SANTE – La campagne de vaccination anti Covid-19 a commencé ce 4 juin. Comment les Tchadiens accueillent ce vaccin ? Accepteront-ils de se faire vacciner ? Quelques-uns expriment leur doute et désapprobation.

Déjà, avec l’annonce de l’arrivée de la pandémie à coronavirus au Tchad, en mars 2020, beaucoup de Tchadiens étaient sceptiques par rapport à son existence. Malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation sur la dangerosité de cette maladie, le doute plane toujours. Et les mesures barrières semblent être ignorées.

Avec les cas qui ne cessent d’augmenter et les pertes en vies humaines, le vaccin semble être ” le remède miracle” contre ce mal. Pour le ministère de la Santé publique, les personnes cibles sont notamment le corps soignant, les personnes âgées de plus de 65 ans, et les musulmans qui désirent aller au pèlerinage.

Pour certains citoyens rencontrés, c’est l’indifférence vis-à-vis de ce vaccin. Naneyom Élise, la cinquantaine révolue, tout en restant catégorique sur sa position de ne pas prendre ce vaccin, pense que ce n’est pas de cela dont la population a besoin. Mais plutôt de la nourriture et bien d’autres. ” Il y a tant de maladies pour lesquelles nous avons besoin de vaccin, ce n’est pas de ce vaccin dont nous avons besoin. Le paludisme, la typhoïde… On a besoin de nourriture, d’eau, d’électricité et bien d’autres choses. Ce vaccin n’a pas d’importance pour moi. Je ne le prendrai pas”, tranche-t-elle.

De son côté, Djeram Firmin, journaliste, affirme que “cette histoire des vaccins est à la limite une insulte au peuple tchadien. Il n’y a rien de sérieux. La cellule de veille est morte depuis longtemps. On demande aux gens de s’autoconfiner sans les mesures d’accompagnement. Depuis l’histoire de Covid, il n’y a jamais eu de confinement dans ce pays. On communie tous les jours avec les gens qui, dit-on sont testés positifs. On attribue les résultats du test par rapport à l’humeur et à la tête du patient. Ces vaccins, nous n’en avons pas besoin. Je crains que ce soit plutôt du poison. On ne peut pas sacrifier un peuple pour garder des bonnes relations diplomatiques. Nous avons plutôt besoin de la nourriture, de l’énergie, de la sécurité, de la bonne gouvernance.”

Ngargoto Victor, la soixantaine rejoint aussi certains de ses compatriotes. ” Je ne vais pas accepter de me faire vacciner avec ce soit-disant vaccin contre Covid-19. Les blancs ont souvent l’habitude de fabriquer les choses et de nous envoyer des mauvaises qualités en Afrique. D’ailleurs, la Covid-19 n’est plus au Tchad depuis un certain moment. En plus, cette pandémie n’est rien d’autre que le rhume auquel nos grands parents faisaient face”, minimise-t-il.

Par contre, Ndjeguedem Benjamin ne partage pas ces avis. Selon lui, la Covid-19 existe bel et bien et donc, le vaccin est nécessaire. ” Si je n’avais pas pris, je vais prendre parce que je sais qu’en Europe et partout d’ailleurs les gens ont pris. Mais heureusement que je l’ai fait. Beaucoup de Tchadiens n’ont pas cru en l’existence de ce Covid-19. Mais en tant qu’intellectuel, je ne peux pas penser comme tel”, estime-t-il.