Le virus de Chikungunya a élu domicile dans la ville d’abéché depuis le mois de mars 2020. Depuis lors, les autorités locales se battent pour éradiquer une épidémie qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le maire de la ville d’Abéché, Mahamat Saleh Ahmat Adam, a mis en place plusieurs stratégies de lutte qu’il explique dans une interview accordée à Tchadinfos.  

Comment se porte actuellement votre ville en cette saison pluvieuse ?

La ville d’Abéché, comme vous le savez, est une ville historique et presque la deuxième capitale du Tchad. C’est une ville qui a une population qui est estimée à plus de 200 000 habitants avec 7 arrondissements dans lesquels se trouvent 87 quartiers. Cette année la saison pluvieuse est tellement abondante dans la mesure où nous avons enregistré plusieurs pluies et compte tenu de l’histoire, on nous a dit que telles pluies ne sont pas arrivées depuis 1959. Cette saison pluvieuse a provoqué beaucoup de dégâts puisqu’une partie de la ville est construite par des matériaux qui ne sont pas durables. La saison est bonne mais elle a causé beaucoup de dégâts.

La ville d’Abéché est attaquée depuis quelques temps par une épidémie, le Chikungunya. En tant que maire, comment vous vivez cela ?

Avant même l’arrivée du Chikungunya à Abéché, nous sommes confrontés au coronavirus où le premier cas est enregistré en mars 2020. Nous étions aussi victime du confinement puisqu’on était en contact avec le monsieur qui est atteint du virus. Nous sommes des témoins oculaires du danger de cette maladie.

Ensuite, il y a l’épidémie de Chikungunya qui est apparue au même moment que la Covid-19 dans un quartier, Djatinié. Au début le nombre des personnes atteintes n’était important et nous avons négligé les données qui nous ont été rapportées. Entre temps la maladie a évolué d’un quartier à un autre. Et de là, l’épidémie a pris une ampleur inquiétante.

Plusieurs missions ont été dépêchées sur place avec des techniciens chevronnés. Le ministre de la santé était venu pour échanger avec le personnel médical et encourager les autorités locales. Le secrétaire d’Etat à la santé a également fait 4 jours à Abéché pour visiter les centres de santé et l’hôpital de provincial d’Abéché. Le ministère a pris des engagements pour renforcer les médicaments qui sont déjà arrivés à Abéché et envoyer un avion hélicoptère pour une pulvérisation de masse.

Le Chikungunya se transmet par une piqure de moustique. Qu’est-ce que la mairie de la ville d’Abéché a fait ou compte faire par rapport à l’assainissement de la ville ?   

Depuis mi-août, nous avons établi un programme de pulvérisation de la ville et nous avons déjà pulvérisé 7 arrondissements. Les mosquées et les églises ont été aussi pulvérisées. D’autres dispositions à travers une réunion convoquée par le gouverneur de la province du Ouaddaï ont été prises par rapport au transport urbain. Il a été décidé que tous les véhicules qui partent sur N’Djaména ou dans d’autres localités doivent être pulvérisés avant qu’ils ne bougent et après on doit remettre au chauffeur une attestation qui prouve que son camion a été pulvérisé.

En plus de l’assainissement, est-ce que vous avez entrepris des démarches pour sensibiliser la population sur la maladie ?

Nous avons eu à sensibiliser la population par rapport aux dangers de cette épidémie. Nous sommes en saison pluvieuse et pendant cette période, il y a assez de moustiques et donc le palu. Il y a une confusion entre le palu et le Chikungunya. La sensibilisation consiste à dire à la population de rester dans les moustiquaires, s’habiller de manière à couvrir tous le corps et le travail de pulvérisation continue.

Avez-vous un message ou conseil à l’endroit de la population ?

Je demande la population d’être vigilante, de ne pas paniquer et de ne pas utiliser n’importe quel médicament pendant cette période. Si on a un malaise quelque part, on doit se présenter au centre de santé pour faire un test pour déterminer la maladie et en fonction de cela, le médecin pourrait prescrire des médicaments.