La question liée à la sexualité est un tabou dans nos sociétés. Pourtant, ce sujet est essentiel dans la vie des jeunes et des adolescents qui ont besoin d’être orientés pour mener une vie sexuelle épanouie, sereine et assumée.

La précocité des relations sexuelles, des mariages et grossesses, la vulnérabilité des jeunes au VIH/SIDA, la persistance des pratiques néfastes à la santé des jeunes filles, les influences diverses, l’addiction à l’alcool sont autant de facteurs qui gangrènent la reproduction sexuelle des jeunes. Le manque de structures d’encadrement de santé en général, le sentiment de gêne qu’éprouvent les parents et même les enseignants à aborder les sujets liés à la santé de reproduction, sont des obstacles qu’il convient aussi de conjurer pour éviter que les jeunes aillent à vau-l’eau. Pour répondre à ces préoccupations, un impératif s’impose: L’introduction de l’enseignement de la santé de reproduction dans le milieu éducatif et jeune.

Acuité du problème

Au Tchad, la population étant majoritairement jeune, la thématique relative à la santé de reproduction revient avec insistance. Selon les statistiques de l’Eds-mics 2014-2015, la précocité de la fécondité chez les jeunes est fortement accentuée. Par exemple, chez les filles de 17 ans, plus de 35% ont au moins un enfant ou sont enceintes. Et près de 78% de la tranche de 10-15 ans ont eu leur premier rapport sexuel. Les autres indicateurs relatifs à la précocité des  rapports sexuels chez les jeunes sont, entre autres, les accouchements, les avortements et les complications consécutives (51% de décès des adolescentes de 15-19 ans sont maternels sans oublier les violences subies par les filles qui sont de 38% à l’échelle nationale). Le problème est amplifié car au Tchad, la santé scolaire n’a absolument pas évolué. L’on ne dénombre en tout que 7 infirmeries dans les établissements du secondaire et aucune dans les écoles primaires. Ce n’est qu’en 2006 qu’a été introduit à l’organigramme du ministère de la Santé publique, un service des jeunes et des adolescents.

Informer et former

L’ASTBEF estime que le manque d’informations et de formations adéquates en santé de reproduction sont la cause principale qui conduit “les jeunes à emprunter des voies périlleuses contrairement à des idées reçues pour lesquelles une éducation en santé de reproduction serait contre-productive’’. Il faut éduquer les jeunes pour éviter ces déconvenues. C’est pourquoi, l’ASTBEF interpelle les ministères de la Santé et de l’Education qui sont les départements les mieux indiqués pour partager les réflexions sur la santé de reproduction des jeunes et des adolescents, avec les autres acteurs intervenant dans ce domaine.

“Il est important que tous les enfants et les jeunes aient accès à une éducation sexuelle adaptée à leur âge, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école. Bien que les principes directeurs nationaux mettent plus l’accent sur le milieu scolaire, une grande partie de leurs contenus n’en sera pas moins pertinente pour les enfants non scolarisés’’, propose Moydoty Ouribé Maranga, expert en santé de reproduction. Le besoin des jeunes d’avoir une éducation en santé de reproduction est véritable. “Soyons conscients des retombées que peuvent avoir des rapports sexuels au-delà d’une grossesse non désirée ou d’une exposition aux Infections sexuellement transmissibles (IST). La probabilité de ne pas achever leurs études secondaires est deux fois plus grande chez les garçons et les filles qui ont des relations sexuelles précoces que chez les adolescents n’ayant jamais eu de relations sexuelles. C’est une perte considérable de possibilités éducatives et professionnelles à gagner pour le pays’’, explique l’expert de la question, Moydoty Ouribé Maranga.

Bactar Frank I.