La propagation accrue du  Covid- 19 a paralysé les activités  éducatives et d’autres secteurs prioritaires  au Cameroun, occasionnant  un retour  massif  et inattendu des étudiants tchadiens vers le bercail. Depuis  quelques jours, l’on observe une circulation dense au niveau de la frontière entre Bongor et Yagoua.

Les  tracasseries  des forces de l’ordre  et les  opportunités d’affaires  pour les  clandomen  se multiplient   à l’encontre des étudiants tchadiens. Ce qui oblige certains  à passer outre  pour  éviter l’entrée  principale  où est  installée  l’équipe de surveillance et de  contrôle  du  Coronavirus. De  Yagoua  pour  arriver à    Bongor,  il  faut débourser au minimum  une  somme de   5 000 FCFA  nous  confie  dans l’anonymat un  étudiant. «   Je suis étudiant à Maroua,  je suis  venu  au poste de contrôle du côté du Cameroun,  ils m’ont dit que la frontière  est fermée  et ont pris même  de l’argent avec moi.   Alors  que  ce n’est pas la vérité.  Je  lance un appel à tous mes frères  tchadiens  qui sont encore au Cameroun de passer  ici  pour  se faire  contrôler    pour le bien de nos parents   puisque cette maladie  se propage   vite » alerte-t-il.

Du coté tchadien de la frontière, l’ambiance habituelle  aux bords  du fleuve  y est toujours. Les  piroguiers,  moto-taximen, commerçants,  chacun s’occupe de  ses affaires sans  inquiétude.

A  coté, les forces de  l’ordre continuent d’assurer  la sécurité à la frontière. Juste  aux abords du  fleuve,  s’est installée l’équipe médicale de dépistage du nouveau coronavirus.  Cette  équipe,   sans dispositif  technique adéquat de protection, brave le danger   nuit et jour  pour contrôler systématiquement  toute  personne  traversant  le fleuve .

Le médecin   Ngaradoumadji Djimtayem Yves, membre de l’équipe médicale,   loue  la collaboration  avec les  forces de l’ordre  et  de  sécurité. Mais,  il   déplore le non respect des  orientations données  contre le   coronavirus   : «  dès que quelqu’un descend  du fleuve, ce sont   les dockers qui viennent  l’ accueillir, ce sont les clandomen  qui viennent l’accoster. Je ne  sais pas si c’est le manque de civisme ou c’est  une négligence.  Malheureusement, cette  négligence  peut être très  fatale pour  ceux qui viennent directement attraper les personnes  que nous n’avons pas testées.  Nous estimons que  d’ici peu les gens  vont collaborer avec  nous pour que de telles choses ne se répètent ».

Dr   Ngaradoumadji Djimtayem Yves poursuit : «  nous avons  déjà enregistré  plus de  1042   personnes   testées  qui ont fait leur entrée, grâce à  la sensibilisation. Certains  étudiants qui n’ont pas  été contrôlés se sont présentés  volontiers   à la  délégation   pour  se faire  mesurer la température. Nous remercions vraiment  toutes ces personnes  qui ont donné la bonne information   pour que tout le monde passe par la voie légale  pour le dépistage. »

Vu  l’ampleur    de   la  pandémie au  Cameroun,  le  préfet du département de Mayo-Boneye,  Ramadane  Djarsia, a  appelé  le  lundi 23 mars 2020  à la fermeture de la frontière entre son département  et celui  de Mayo- Danay au Cameroun pour  la   riposte  de la pandémie. Mais  pratiquement sur le terrain rien ne se concrétise même si l’équipe médicale à  la frontière est à l’œuvre pour le contrôle de tous.   

Les  autorités  sont elles  au courant de cette  situation ?   Il   est impératif  que  les mesures  soient renforcées    pour  appuyer    l’équipe   installée  à la frontière.

Haranza Zoullah Emmanuel, correspondant à Bongor