La rougeole n’est pas une maladie aussi bénigne que certains voudraient bien le croire. Chaque année, des milliers d’enfants sont emportés par ce fléau, ses complications représentent une des principales causes de mortalité infantile dans les pays en voie de développement. Pour se protéger, une seule solution : la vaccination.

QU’EST-CE QUE LA ROUGEOLE ?

La rougeole (également appelée parfois première maladie) est une infection virale éruptive aiguë et respiratoire très contagieuse. Elle atteint essentiellement les enfants à partir de l’âge de 5-6 mois et les jeunes adultes. La vaccination contre la rougeole vise surtout à éviter les complications de l’infection, comme les encéphalites, qui peuvent avoir des séquelles importantes voire létales, et à protéger d’un affaiblissement immunitaire post-rougeoleux.

Dans 86 à 88 % des cas, la rougeole est survenue chez des sujets non ou mal vaccinés. Toute personne âgée d’au moins 12 mois et née après 1980 doit être vaccinée.

COMMENT SE TRANSMET LA ROUGEOLE ?

La rougeole est due à un virus qui se propage par les gouttelettes de salive qu’une personne infectée produit en toussant ou en éternuant. Ces gouttelettes peuvent contaminer directement les personnes non immunisées ou indirectement par le biais des mains, des objets, des mouchoirs souillées. Après la guérison de la maladie, le malade est immunisé à vie. Un malade est contagieux environ cinq jours avant l’apparition de l’éruption cutanée ; il le reste environ cinq jours après.

UNE MALADIE À DÉCLARATION OBLIGATOIRE

Depuis 2005, le médecin doit obligatoirement signaler les cas qu’il diagnostique aux autorités sanitaires. Ce signalement permettra de prendre des mesures pour protéger l’entourage de la personne malade. En cas de rougeole, l’enfant doit obligatoirement rester à l’écart de son établissement scolaire ou des collectivités (crèche, halte garderie, etc.) dès les premiers signes évocateurs et pendant cinq jours à partir de l’apparition des taches rouges. Il est fortement conseillé d’avertir le personnel de l’école ou de la collectivité.

QUELS SONT LES SIGNES et SYMPTÔMES DE LA ROUGEOLE ?

Le premier signe d’infection est en général une forte fièvre qui apparaît environ 10 à 12 jours après l’exposition au virus et persiste 4 à 7 jours. Au cours de ce stade initial, le tableau peut comporter une rhinorrhée (nez qui coule), de la toux, des yeux rouges et larmoyants, et de petits points blanchâtres sur la face interne des joues. L’éruption apparaît plusieurs jours plus tard, habituellement sur le visage et le haut du cou. En trois jours environ, elle progresse pour atteindre les mains et les pieds. Elle persiste 5 à 6 jours avant de disparaître. On l’observe en moyenne 14 jours après l’exposition au virus, dans un intervalle de 7 à 18 jours.

La plupart des décès sont dus aux complications de la maladie. De sérieuses complications sont plus fréquentes avant l’âge de 5 ans ou chez l’adulte de plus de 30 ans. Parmi les complications les plus graves, on observe des cécités, des encéphalites (qui peuvent s’accompagner d’oedèmes cérébraux), des diarrhées sévères (susceptibles d’entraîner une déshydratation), des infections auriculaires et des infections respiratoires graves comme la pneumonie.

Les formes sévères surviennent plus particulièrement chez les jeunes enfants malnutris, notamment si les apports en vitamine A sont insuffisants ou si leur système immunitaire est affaibli par le VIH/sida ou d’autres maladies.

Dans les populations fortement touchées par la malnutrition, en particulier celles touchées par des carences en vitamine A et qui ne bénéficient pas de soins de santé adéquats, près de 3 à 6% des cas de rougeole sont mortels. Chez les personnes déplacées, ce taux peut atteindre 30% des cas de rougeole. Contractée pendant la grossesse, la rougeole peut également donner lieu à de graves complications et entraîner une fausse couche ou un accouchement prématuré. Les personnes qui guérissent de la rougeole sont immunisées à vie.

LES FORMES COMMUNES ET HABITUELLES

  • Phase d’invasion

C’est la seconde phase qui dure de deux à quatre jours. L’enfant est atteint d’une fièvre rapidement progressive, jusqu’à 39,5 – 40 °C, avec malaise général et maux de tête.

Il présente un catarrhe (inflammation avec écoulements) oculorespiratoire : conjonctivite et yeux larmoyants, rhinite et écoulement nasal, toux… L’enfant est très irritable, présentant un faciès « grognon ». Ce catarrhe diffus des muqueuses doit être présent à ce stade pour évoquer un diagnostic de rougeole.

L’atteinte des muqueuses digestives est fréquente avec diarrhées, douleurs abdominales et vomissements. Des signes neurologiques sont possibles (convulsions, syndrome méningé).

Pendant l’invasion, le sujet est contagieux. Le signe de Köplick apparaît vers la 36e heure après le début du catarrhe et jusqu’à la phase éruptive, de façon inconstante (70 % des cas). Il est fugace, souvent présent moins de 24 heures. Il consiste en l’apparition sur la muqueuse buccale, à la hauteur des prémolaires inférieures, de petites taches rouges irrégulières avec un petit point central blanc.

Cet énanthème, décrit par Henry Koplik en 1896, est pathognomonique de la maladie, lorsqu’il est présent.

  • Phase éruptive

L’éruption de la rougeole est caractéristique. Elle se fait en une seule poussée. Elle débute au niveau de la tête, derrière les oreilles, autour de la bouche, puis s’étend à toute la face. Son extension est descendante en trois à quatre jours : elle atteint le cou, les épaules, et la partie supérieure du thorax. Au 3e jour, le tronc et les membres supérieurs sont atteints. L’éruption s’étend à l’abdomen puis aux membres inférieurs à partir du 4e jour. Une atteinte de la paume des mains et de la plante des pieds est présente dans 20 à 50 % des cas.

Il s’agit d’un exanthème consistant en l’apparition progressive de petites plaques (rouges sur les peaux blanches) plus ou moins en relief, de quelques millimètres de diamètre, dites maculopapules (faites de macules et de papules), sans ou avec peu de démangeaisons et s’effaçant à la pression.

Ces petites plaques rouges confluent en larges plages arrondies, avec des contours irréguliers, mais en laissant toujours entre elles des intervalles de peau saine.

Sur peau noire, l’éruption donne un aspect de peau granitée et œdémateuse.

La fièvre, d’abord élevée, diminue progressivement jusqu’au troisième ou quatrième jour de l’éruption (retour à la normale).

  • Phase de desquamation

Durant la quatrième et dernière phase, l’éruption cutanée laisse, avant de s’effacer, une coloration brune tirant sur le cuivre. Elle peut faire place, de façon inconstante, à une desquamation fine visible quelques jours. La fièvre a disparu, mais la convalescence dure encore une dizaine de jours durant lesquels l’enfant, souvent fatigué, peut tousser.

  • Autres formes

Des rougeoles atténuées et atypiques peuvent se voir chez des sujets vaccinés (ou des nourrissons possédant encore des anticorps maternels à des taux faibles), avec catarrhe discret et exanthème peu net. L’éruption débute aux extrémités et épargne la tête.

Les formes de l’adolescent et de l’adulte sont plus graves que celles de l’enfant, à cause de la plus grande fréquence des complications pulmonaires et hépatiques.

QUELLES SONT LES COMPLICATIONS DE LA ROUGEOLE ?

Les complications de la rougeole sont d’ordre respiratoire (rhinopharyngites, angines, bronchites, pneumonies, mais aussi otites et laryngites) et d’ordre neurologique (troubles de la conscience, convulsions, paralysies, voire coma et mort). Ces complications sont plus fréquemment observées en cas de rougeole de l’adulte.

PRÉVENTION

La vaccination systématique des enfants contre la rougeole, associée à des campagnes de vaccination de masse dans les pays où les taux de morbidité et de mortalité sont élevés sont des stratégies de santé publique essentielles pour réduire le nombre de décès par rougeole dans le monde. Le vaccin antirougeoleux, utilisé depuis plus de 50 ans, est sûr, efficace et peu onéreux. Vacciner un enfant contre la rougeole coûte environ moins d’un dollar.

Le vaccin antirougeoleux est souvent associé au vaccin contre la rubéole et/ou au vaccin contre les oreillons. Il est aussi efficace seul qu’associé. Le fait d’associer le vaccin contre la rubéole au vaccin antirougeoleux n’accroît que marginalement le coût mais permet de mettre en commun les coûts de distribution et d’administration.

En 2016, environ 85% des enfants dans le monde – contre 72% en 2000 – ont reçu une dose de vaccin antirougeoleux avant l’âge de un an, grâce à l’intervention systématique des services de santé. Pour garantir l’immunité et prévenir les flambées, il est recommandé d’administrer 2 doses de vaccin car environ 15% des enfants vaccinés n’acquièrent pas une immunité dès la première dose.

LA VACCINATION CHEZ LES ENFANTS

La vaccination contre la rougeole est officiellement recommandée chez les enfants depuis 1999. Elle est désormais obligatoire pour tous les nourrissons nés après le 1er janvier 2020. Elle est administrée sous forme d’un vaccin unique ROR (rougeole oreillons rubéole). Le vaccin de la rougeole entraîne parfois des réactions bénignes, telles que fièvre ou petits boutons. Un enfant peut être vacciné dès l’âge de neuf mois ; avant cet âge, il est habituellement protégé par l’immunité de la mère, si celle-ci a eu la rougeole ou si elle est vaccinée. Le calendrier vaccinal prévoit une dose de vaccin à l’âge de 12 mois et une deuxième dose entre 16 et 18 mois. Les enfants de plus de deux ans qui n’ont pas bénéficié de la vaccination peuvent être correctement protégés en recevant deux doses de vaccin espacées d’au moins un mois.