Depuis le déclanchement de l’épidémie de chikungunya, le délégué sanitaire du Ouaddaï, Dr Abdelmamoud Chene, se bat avec l’ensemble du corps médical de la province et les autorités locales pour bouter la maladie hors du pays. Tchadinfos est allé à sa rencontre. Interview

Quels sont les moyennes mises en place par la délégation sanitaire d’Abéché pour éradiquer le chikungunya ?

Nous avons mis en place un système de coordination qui se réunit chaque jour pour collecter les cas et essayer de voir ce qui ne marche pas dans tel ou tel autre centre de santé. Ensuite, nous avons mis un système de surveillance de tous les cas dans les 9 centres de santé et à l’hôpital provincial d’Abéché, en collaboration avec le relai communautaire. Tous les cas qui sont retrouvés sont orientés vers les centres de santé pour une prise en charge. Comme moyens, nous avons également mis en place la communication de risque et l’engagement communautaire. Ce système nous permet d’envoyer des messages à l’endroit de la population pour sensibiliser sur la maladie. On leur dit par exemple que le chikungunya est due à un vecteur qui est un moustique appelé ‘’aèdes egyptis’’ et pour l’éviter il faut être protégé notamment en portant des habits longs, en dormant sous moustiquaire imprégnée, en évitant les eaux stagnantes autour des maisons, en désinfectant les maisons. Ce sont ces mesures qui nous ont aidé à limiter la transmission. Nous rappelons que c’est une maladie transmissible et non contagieuse.

Nous avons aussi mis en place une équipe d’hygiène et d’assainissement en collaboration avec la mairie dans le cadre de la lutte anti-vectorielle. La pulvérisation intra-domiciliaire et des quartiers où il y a plus des cas ont déjà commencé. Nous avons pulvérisé 441 concessions dont 11461 pièces à la date du 2 septembre dans 43 quartiers de la ville d’Abéché et 5 arrondissements sur 7. A cela s’ajoute la pulvérisation des bus et car qui vont à N’Djamena pour éviter que ces derniers transportent des moustiques dans d’autres localités du pays.

Quel type de médicament avez-vous retenu pour soigner les personnes atteintes de cette maladie ?

Vous savez que le chikungunya est une maladie virale donc il n’y a pas un traitement spécifique mais plutôt un traitement anti-inflammatoire. Comme médicaments anti-inflammatoires, nous avons les antalgiques (diclophenaque, paracétamol, ibuprofène…) et bien d’autres.   

Ces médicaments sont-ils efficaces ?

Le chikungunya se manifeste par des céphalées, une forte fièvre et surtout des douleurs articulaires très intenses. Lorsque la personne atteinte arrive à l’hôpital, on lui fait une injection d’anti-inflammatoires et après on le met en observation jusqu’à l’amélioration de son état puis on lui fait le relais avec des paracétamol. Et nous avons constaté que dans la plupart des cas, il y a une amélioration.

Les structures sanitaires d’Abéché sont-elles suffisamment équipées pour gérer cette épidémie ?

Pour le moment toutes nos structures sanitaires sont équipées. Dans la ville d’Abéché nous avons 9 centres de santé et un hôpital provincial qui sont gérés par des personnels qualifiés (des infirmiers diplômés d’Etat, des sages-femmes…). Dieu merci le ministère nous a envoyé un lot important de médicaments (des antalgiques et des anti-inflammatoires) que nous utilisons en ce moment pour traiter les malades. Il faut surtout souligner que la prise en charge des personnes atteintes du chikungunya est gratuite.