Au Tchad, la malnutrition est devenue un problème permanent de santé. Elle touche particulièrement les enfants de moins de cinq ans. Dr Mahamat Bachir, Directeur de l’alimentation et de nutrition appliquée au ministère de la Santé publique nous entretient sur ses causes, conséquences et conseils afin de favoriser une bonne croissance aux enfants.
Les yeux rougis, les doigts asséchés, la peau qui colle aux os, gonflement du ventre, tels sont les symptômes visibles de la malnutrition. Cette maladie se manifeste par la diarrhée persistante, la perte de poids soudaine et imprévue, la perte d’appétit, les douleurs articulaires et musculaires.
La malnutrition, une carence durable ou un déficit de l’absorption d’un ou plusieurs éléments nutritifs importants qui sont normalement apportés par une alimentation complète et équilibrée, et/ou la suralimentation, reste un défi majeur au Tchad et constitue la première cause de mortalité infantile. Dr Mahamat Bachir, directeur de l’alimentation et de nutrition appliquée au ministère de la Santé publique souligne que la malnutrition demeure un problème de santé publique au Tchad. Elle a des multiples causes à savoir : le faible accès aux soins de santé et à l’eau potable, le manque d’hygiène, les pratiques alimentaires inadaptées pour les nourrissons, la pauvreté, le changement climatique ainsi que l’insécurité alimentaire.
“La malnutrition a pour causes directes d’où n’importe quelle maladie peut impacter ; causes sous-jacentes comme l’hygiène et assainissement, l’insécurité alimentaire au niveau des ménages, le problème d’espacement de naissance et grossesses rapprochées ; et causes profondes qui peuvent être la pauvreté, le sous-développement, l’insécurité (conflits)”, développe-t-il. Selon lui, la malnutrition infantile s’explique par le déficit alimentaire en quantité et qualité, une faible couverture sanitaire qui se traduit par une faible couverture vaccinale de certaines maladies chroniques.
Pour reconnaître un enfant malnutri, dit Dr Mahamat Bachir, il faut un diagnostic ou dépister l’enfant en utilisant les bracelets MUAC. Lorsque le bracelet marque sur le jaune, ceci signifie que l’enfant est malnutri aigu modéré, s’il marque sur le rouge, il est malnutri aigu sévère et il y a également ce qu’on appelle l’insuffisance pondérale qui englobe les formes de la malnutrition (aiguë et chronique) et la faim cachée (la carence de micro-nutriments). S’il marque sur le vert, l’enfant est bien portant. Il ajoute qu’il y a également la table nutri-score qui permet de voir si l’enfant est malnutri en prenant son poids et sa taille. Si le nutri-score est inférieur à moins trois, on dit que l’enfant est malnutri aigu sévère et entre moins trois et moins deux, on dit qu’il est modéré.
Vu ses multiples causes aux conséquences néfastes dont plusieurs facteurs expliquent sa persistance, la malnutrition aiguë sévère entraîne la mort précoce de l’enfant. Mais pour certains cas dits modérés, l’enfant retrouve la santé mais accuse un retard de croissance physique et psychique. “Ceci entraîne une perte pour le pays parce que ceux-ci ne participent probablement pas au développement du pays“, analyse Dr Mahamat bachir. Il rappelle qu’une étude réalisée et publiée en 2016 sur le coût de la faim montre que le Tchad perd presque 9% de son PIB à cause de la malnutrition.
Pour renforcer la santé globale de l’enfant et plus particulièrement la malnutrition afin de favoriser une bonne croissance aux enfants, Dr Mahamat Bachir conseille qu’il faut faire un suivi en mettant l’accent sur l’hygiène, la vaccination et également assurer le suivi de sa croissance au niveau des structures sanitaires.