SANTEDr Mahamat Nour nous décortique chaque semaine une maladie ou un problème de santé publique pouvant aider nos lecteurs à appréhender les causes et les complications de certaines pathologies. Pour le premier article, il a choisi la césarienne.  

  • Qu’est-ce qu’une césarienne ?

C’est une opération chirurgicale qui consiste à extraire le nouveau-né de l’utérus de sa mère lorsque l’accouchement par voie naturelle est impossible ou difficile. Cet acte, généralement pratiqué sous anesthésie locorégionale (rachianesthésie ou péridurale), consiste à pratiquer une incision dans le bas-ventre par laquelle le chirurgien retire l’enfant.

Globalement, plus les femmes sont pauvres, plus elles accouchent par voie basse. Les césariennes sont plus répandues « chez les sous-groupes plus aisés, ce qui indique souvent qu’on en abuse ».

En Afrique subsaharienne, la césarienne est très peu pratiquée, par exemple au Tchad (1,5% des naissances), au Burkina Faso (2,1%) en Côte d’Ivoire (3,1%) ou en République démocratique du Congo (5,5%). Elle est très pratiquée dans des pays comme l’Egypte (55,5%), l’Argentine (43,1%) ou la Colombie (36,9%).

Les raisons de ces écarts sont « complexes », d’après les auteurs. Là où les césariennes sont trop rares, cela semble être dû à « une pénurie de personnel médical qualifié et d’infrastructures de santé, des coûts pour la parturiente, ou des croyances culturelles sur la valeur et les dangers d’une césarienne ».

  • Dans quels cas pratiquer une césarienne ?

Lorsque l’accouchement ne se passe pas comme prévu, qu’il présente un risque pour la mère ou pour le bébé, la césarienne est parfois incontournable. Aujourd’hui bien maîtrisée, cette opération présente peu de risque. A tel point que certains dénoncent une hausse de césariennes “de confort”. Le point sur cette méthode d’accouchement particulière.

L’obstétricien pratique une césarienne lorsque le bébé doit être extrait rapidement, soit parce qu’il montre des signes de souffrance fœtale (anomalies de son rythme cardiaque), soit parce que la maman saigne beaucoup.

D’autres situations incitent les médecins à pratiquer un accouchement par voie haute :
– L’enfant se présente mal, par le siège, l’épaule ou le front ;
– L’enfant est trop gros ou le bassin de la mère trop étroit ;
– L’enfant est menacé par un poids trop faible (prématurité, malnutrition placentaire, gémellité) ;
– Le placenta bloque le col de l’utérus ;
– Il s’agit d’une grossesse multiple ;
– L’utérus de la mère a déjà subi plusieurs opérations ;
– La mère souffre d’une poussée d’herpès génital risquant de contaminer le bébé au moment de l’expulsion…

  • Quelles sont les complications d’une césarienne ?

La césarienne est une opération bien maîtrisée. S’ils sont relativement rares, les risques inhérents à cette pratique existent. Chez la mère, les complications liées à ce type d’intervention peuvent être de diverses natures :

  •  Une hémorragie lors de l’intervention ;
  •  Des lésions organiques (vessie, intestin…) ;
  •  Une thrombose veineuse ;
  •  Une hémorragie ;
  •  Une allergie aux médicaments administrés ;
  •  Un hématome et des douleurs au niveau de la cicatrice ;
  •  Des douleurs intestinales aiguës ou chroniques ;
  •  Une infection (abcès ou péritonite) au niveau de l’incision ;
  •  Une phlébite, une embolie pulmonaire ou une hémorragie tardive ;
  •  Une gêne à la miction ou à la défécation ;
  •  Une montée de lait lente et difficile.

Le bébé, de son côté, pourra éventuellement souffrir de difficultés respiratoires ou, très rarement, d’une lésion provoquée lors de l’incision.

  •  Quelles sont les suites d’une césarienne ?

Les suites de cette intervention chirurgicale sont différentes de celles d’un accouchement par voie basse. Si la césarienne s’est déroulée sous péridurale (90% des cas), il est de plus en plus courant de laisser la perfusion pendant 24 à 48 heures afin de maintenir une légère anesthésie. Afin d’éviter tout problème circulatoire (phlébites et risque d’embolie), le premier lever a généralement lieu dans les 24 heures.
Parmi les complications postopératoires, ce sont sans doute les hémorragies tardives qui sont les plus spectaculaires. Peu prévisibles, elles sont heureusement rares. Il peut aussi s’agir d’infections susceptibles de retarder la sortie.

Mais il est important de savoir qu’aujourd’hui les césariennes sont plus confortables, et qu’on se remet plus vite d’une césarienne que d’un accouchement par voie basse long et difficile.

  • Combien de césariennes une femme peut-elle subir ?

Il n’existe pas de règle. Autrefois, il était recommandé aux femmes de ne pas subir plus de trois césariennes car l’utérus était incisé dans son milieu, là où les tissus cicatriciels sont plus fragiles.

Aujourd’hui, la paroi utérine est sectionnée au bas de l’abdomen, là où la résistance de l’utérus est bien meilleure.
Les muscles abdominaux ne sont pas coupés mais écartés. Quant aux complications (saignements intra-abdominaux, adhérences intestinales, infections), elles sont moins fréquentes.

Les césariennes répétées fragilisent toutefois encore l’utérus : la cicatrice peut en effet devenir de plus en plus fine et se rompre au cours d’une autre grossesse. Résultat : si certaines femmes subissent jusqu’à huit césariennes sans problème, d’autres doivent se limiter à deux.