Au milieu de Darasna, un village se trouvant entre le chef-lieu de la province de Salamat et la sous-préfecture d’Aboudeïa prospère un groupement féminin spécialisé dans le séchage de viande et sa commercialisation communément appelé ‘’charmoute”.   

Dans la cour d’une vaste maison, dissimulée entre les cases, des femmes, couteau en main en train de dépiécer le reste d’un bœuf égorgé très tôt le matin. Sur une corde qui traverse la cour, est suspendu plusieurs tranches de viande déjà près pour le séchage.

Une fois séchée, cette viande dite ”charmoute” en arabe locale est vendue dans les villages environnants et même dans les grandes agglomérations. Ici, les femmes du groupement ‘‘Alnadjah” effectuent le même travail depuis dix ans.

Depuis deux ans, du fait de sa proximité avec le parc de Zakouma, le village Darasna a été retenu comme zone d’intervention du projet ’Appui au développement et à la mise en œuvre d’un modèle intégré de conservation du Grand Écosystème Fonctionnel de Zakouma’’ mené conjointement par le Programme d’appui à la gestion concertée des aires protégées(APEF) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui vise à impliquer les communautés locales dans la conservation de la biodiversité.

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La présidente du groupement Alnadjah – Fanné Ahmat

Grâce au financement reçu du projet, les activités de ce groupement ont prospéré. Le nombre de bœufs égorgé par jour a augmenté. « L’argent généré par notre groupement nous permet de nous soigner, subvenir à nos besoins, envoyer nos enfants à l’école et même assister nos parents en difficultés », témoin la présidente, Fanné Ahmat.

Les quinze femmes que compte le groupement reçoivent régulièrement une formation par le biais d’un animateur désigné par l’UICN sur l’hygiène et la conservation de la viande. « Elles savent maintenant mieux conserver la viande invendue qui par le passé pourrit », souligne Abdoulaye Markhouse, l’animateur du village.

Le groupement égorge par jour 2 à 3 bœufs

A côté de l’accompagnement financier, le projet mené par le consortium Union internationale pour la conservation de la nature avec le financement de l’APEF et de l’Union Européenne sensibilise les membres du groupement sur la conservation de la faune et de la flore. « Les feux de brousse et la coupe des arbres ont beaucoup baissé ces dernières années. Le projet a intensifié la sensibilisation sur le terrain », constate le chef de village.  

Chef de village de Darasna, Yaya Abakar content de la réalisation du groupement

Grâce à leur activité, ces femmes d’Alnadjah – qui signifie réussir en arabe, arrivent à survivre dans ce village isolé, distant d’une dizaine de kilomètres du parc de Zakouma.