Le Japon a annoncé mardi un don de 120 millions de dollars pour aider à stabiliser le Mali et le Sahel, quelques jours après la mort de dix Japonais dans une prise d’otages sur un site gazier en Algérie, une attaque liée au conflit dans cette région d’Afrique du Nord.
“Le gouvernement japonais prévoit de donner 120 millions de dollars supplémentaires pour aider à stabiliser le Mali et le Sahel. Cela doit aider la région à renforcer sa gouvernance et sa sécurité, y compris via des opérations de maintien de la paix”, a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Fumio Kishida, lors d’une conférence de presse.
Ce don, a-t-il expliqué, vise à “renforcer la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) et à réduire la pauvreté qui peut constituer le terreau du terrorisme”.
Il se fera par le biais “d’organisations internationales pour aider le Mali et les pays voisins, ce qui devrait aussi conforter le programme Misma indirectement”, a-t-il encore précisé.
“Bien que tardive, cette aide montre que le gouvernement japonais renforce son action diplomatique et de gestion de crise dans cette région. Le Japon était jusque là en retrait en matière diplomatique en Afrique, mais après l’affaire algérienne il semble déterminé à prendre les devants avec des actions préventives”, estime Takehiko Yamamoto, un professeur de politique internationale à l’université Waseda de Tokyo.
L’annonce de Tokyo intervient alors que s’ouvre ce mardi à Addis Abeba une réunion de donateurs afin de soutenir le déploiement de la force africaine au Mali. Pour ce faire, il faut réunir au moins 460 millions de dollars.
L’Union africaine a annoncé lundi qu’elle financerait 10% de cette force.
Des diplomates estimaient ces derniers jours à 700 millions de dollars le besoin total en financement de la Misma et de l’armée malienne, mise en déroute par l’offensive des insurgés islamistes qui avaient conquis tout le nord du Mali l’an dernier.
De son côté le Fonds monétaire international a versé lundi 18,4 millions de dollars au Mali pour l’aider à faire face à “l’instabilité” et convaincre les donateurs internationaux de reprendre leur aide, gelée depuis le coup d’Etat de mars 2012.
Samedi, les chefs des états-majors ouest-africains, dont les contingents doivent former le gros de la Misma, ont décidé de faire passer leurs effectifs promis au Mali de 4.000 à 5.700 hommes. Le Tchad a séparément promis plus de 2.000 soldats. Le but est d’épauler puis, à terme, de remplacer les 2.500 soldats français envoyés sur place par Paris depuis le 11 janvier.
Avec dix ressortissants tués, le Japon a payé un lourd tribut dans l’attaque le 16 janvier du complexe gazier d’In Amenas dans le Sahel algérien où sont morts au moins 37 étrangers, selon un bilan provisoire.
“Le vice-ministre des Affaires étrangères Masaji Matsuyama répètera à Addis Abeba la détermination sans faille du Japon à combattre le terrorisme”, a déclaré mardi M. Kishida.
Ce dernier a d’ailleurs précisé que 33 millions de dollars devraient être spécifiquement alloués à la lutte antiterroriste dans le prochain budget de l’Etat, qui devait être annoncé ce mardi.
Le Japon fournit déjà de l’aide officielle au développement de cette région et les fonds annoncés mardi vont s’ajouter aux programmes déjà en place.
Quelque 63 millions de dollars ont été offerts dans ce cadre l’an passé, pour aider le Mali à surmonter une sécheresse et ses problèmes de sécurité, a expliqué à l’AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères.
Source : Le Point