Les manifestations de Wakit Tamma qui s’intensifient, les causes de la tentative d’assassinat de l’ancien  Directeur général des douanes Abdelkerim Mahamat Charfadine ou encore le bilan des 61 ans d’indépendance du Tchad sont les sujets phares développés par la presse tchadienne pour la semaine du 9 au 15 août 2021.

« Whakit Tamma reprend du poil de la bête »

La coordination des actions citoyennes Wakit Tamma continuent à protester contre le Conseil militaire de transition et à exiger un processus de transition plus inclusif. C’est ainsi qu’après la première marche autorisée du 29 juillet 2021, elle a de nouveau battu le macadam le 7 août. Une marche qui, de l’avis de la plupart des journaux a drainé un monde plus important que celle du 29 juillet.

Ainsi, pour Le Visionnaire, « Le nombre des manifestants a doublé », car il a compté plus d’un millier de personnes. Des manifestants qui, selon L’Observateur, « sont plus que déterminés » à aller jusqu’au bout de leurs revendications« malgré la délocalisation de l’itinéraire ». N’Djamena Hebdo en conclut que « Whakit Tamma reprend du poil de la bête », puisque le mouvement est « fortement diminué par la défection de beaucoup de ses leaders qui ont rejoint la transition ».

Quel bilan des 61 ans d’indépendance ?

C’est toujours dans ce climat de confrontation que le Tchad a célébré les 61 ans de son accession à l’indépendance le 11 août 2021. Une indépendance qui, pour certains journaux, n’en est pas une.

C’est le cas du Visionnaire qui estime que « Dire aujourd’hui que nous sommes indépendants n’est que pure utopie ». En effet, se justifie son éditorialiste, « Rien ne peut se faire sans l’accord de l’ex-puissance colonisatrice qui continue par voir en ses ex-colonies, des provinces et des départements français ». L’Obs n’écrit guère autre chose : « Le Tchad est plus que maudit et, tant que la France sera derrière nous, rien ne changera. Nos présidents seront choisis par elle, pour elle, et pour servir sa cause ». D’où, se désole cet hebdomadaire, « l’indépendance n’est que factice !» Mais tout n’est pas à jeter pour un professeur d’Histoire qui indique dans les colonnes du quotidien Le Sahel du 10 août que « cette date est inoubliable pour les Tchadiens et qui mérite une célébration grandiose ».

« Les dessous d’un assassinat manqué »   

Passons maintenant à cette tentative d’assassinat dont a été victime l’ancien Directeur général des douanes Abdelkerim Mahamat Charfadine, alias Beguera, le 4 août à quelques encablures de son domicile.

Le Visionnaire qui cite des sources policières indique que « l’attaque semble avoir été préméditée ». Le journal qui poursuit qu’il y a des blessés de part et d’autre après la fusillade relate la version de l’entourage de Beguera qui pense que cet acte serait en lien avec son témoignage à charge l’année dernière lors d’un procès de 11 personnes « impliquées dans une affaire de trafic de drogue » et « tentative de corruption » des agents de la douane. Condamnées, ces personnes « auraient réussi à s’évader des violons » et selon la logique du Visionnaire, elles chercheraient donc à se venger de l’ancien DG des douanes.  Abba Garde évoque aussi la thèse de la vengeance mais sa version diffère de celle du Visionnaire par le fait que selon lui, c’est « le non respect d’un deal » qui a failli occasionner l’assassinat d’Abdelkerim Mahamat Charfadine. Le journal explique qu’un « dealer » envoyé par un cartel installé en Libye s’est entendu avec Charfadine pour verser une somme d’un milliard en contrepartie du retrait d’une centaine de cartons de Tramadol, appelé communément « Tramol » saisis. « C’est au moment de la remise de la somme que l’envoyé a été pris en flagrant délit », remis à la justice et condamné. Mais, détaille cet hebdomadaire, l’homme « mis en liberté par un mécanisme incompris » revient à N’Djamena et tente de réclamer la somme remise à Beguera. Pour le journal de Moussaye Avenir De La Tchiré, cette somme qui aurait due être versée au trésor public  au profit de l’Etat, « s’est volatilisée ». C’est pourquoi, « Le corrupteur aurait exigé à Beguera de lui montrer le reçu de versement au trésor sans quoi il ne renoncerait pas à sa revendication ». Mais, conclut Abba Garde, « En vain. C’est ainsi qu’il a décidé de passer à cet acte répréhensible ».