REVUE DE PRESSE – Les rixes pour entrer au comité d’organisation du dialogue national inclusif, la transition qui risque d’aller au-delà de 18 mois et l’augmentation des prix des produits de première nécessité dans les marchés sont les principaux sujets qui retiennent l’attention de la presse tchadienne pour la semaine du 26 juillet au 1er août 2021.

« Des rixes pour le ventre »

Le délai donné par le gouvernement aux différentes composantes des forces vives de la nation pour faire parvenir les listes de leurs représentants devant siéger au comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) au ministère de la réconciliation nationale et du dialogue est arrivé à terme le 27 juillet. Mais que ça a été dur pour les différentes parties de s’entendre.

Ainsi, Le Progrès du 27 juillet évoque « Des violences pour participer à l’organisation du dialogue ». Ce quotidien renseigne qu’après les empoignades entre de présidents et secrétaires généraux de partis politiques, le jeudi 22 juillet 2021, à l’hôtel Radisson Blu de N’Djamena, pour la désignation de leurs représentants au comité d’organisation du dialogue national inclusif, « des jeunes issus de différentes associations se sont offerts aussi en spectacle, dans une ambiance très électrique ». Le journal qui indique qu’ « ils en sont venus aux mains, pendant plusieurs minutes, au moment de désigner leurs cinq représentants », commente que ces jeunes qui, pourtant, accusent à chaque occasion, leurs aînés d’être à l’origine des maux qui minent leur avenir, « ont suivi plutôt l’élan de ceux dont ils dénoncent le comportement ».

Le Pays lui aussi revient sur ces épisodes. « En attendant un dialogue national sincère, “les coups de boxe” », titre-t-il en reprenant l’expression « coup de boxe » employée il y a quelques années par un membre du gouvernement. Pour le journal de Madjiasra Nako, ce sont « des empoignades qui laissent deviner aisément que la préoccupation des “des candidats” est bien loin de celle des Tchadiennes et Tchadiens qui se demandent chaque jour, vers où est-ce que le Cmt est en train de nous mener ».

N’Djamena Hebdo ne passe pas par le dos de la cuillère pour plaquer à sa Une que c’est « Des rixes pour le ventre ». Ce journal qui insiste avec « La foire aux empoignades » comme titre de son éditorial indique que « L’héritier désigné, Mahamat “Kaka”, a vite compris que la préservation de l’héritage paternel n’a pas de prix ». C’est pourquoi, argumente Hebdo, « il organise une grande foire aux empoignes, ou plutôt aux empoignades, assez juteuse pour que les crabes qui se retrouvent dans le panier qu’il confectionne trouvent leurs parts de crustacés ou de coquillages pour se nourrir ».

Abba Garde ne dit guère autre chose avec cette image : « De nombreux “politi-chiens” se battent sur l’os ». L’hebdomadaire qui voit derrière cette scène « des mains obscures du CMT » dénonce aussi  « l’incapacité » des politiciens tchadiens à « impulser le changement tant souhaité depuis plus de trente ans ». D’où, conclut le journal fondé par Moussaye Avenir De La Tchiré, « Avec les même rituels que sous le régime de Déby, avec un personnel politique sous anesthésie, comme on en est témoin en ce moment, on ne peut attendre grand-chose du dialogue à venir ».

C’est également l’avis de Salam Info qui ne constate que « La bagarre des sourds pour le faux dialogue ». En effet, estime-t-il, les leaders politiques et les responsables des organisations des jeunes « nous ont offert un avant-goût du caractère mélodramique du futur dialogue des sourds ». Salam Info de poursuivre que ces agissements sont « le présage du climat électrique dans lequel les Tchadiens seront appelés à vivre dans les prochains jours ». Le journal accuse les tenants du pouvoir d’alimenter « le chaos » parce que cela leur « profite ». Mais, il les met en garde de « renoncer à ce faux dialogue de sourds », car, analyse-t-il, « ce chaos pourrait aussi les emporter avec les Tchadiens ».

« Les 18 mois de transition sont-ils réalistes ? »

C’est en tout cas le thème du débat de la semaine d’Abba Garde qui a donné la parole à quelques personnalités. « En tant qu’observateur, praticien et acteur, je pense que les 18 mois seront insuffisants », tel est l’avis d’Abdramane Djasnabaille, président du parti ATD (Alliance tchadienne pour la démocratie et le développement).

Le président de l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD), Félix Romadoumangar Nialbé pense peu ou prou la même chose. « Je pressens qu’il y aura prorogation de la transition », lâche-t-il, repris par Le Progrès du 29 juillet. Il justifie son appréhension par les tergiversations des leaders politiques au sujet de la désignation de leurs représentants au comité du dialogue.

N’Djamena Hebdo qui consacre deux de ses pages aux 100 jours du Conseil militaire de transition au pouvoir indique que l’objectif de la transition que pilote le CMT est d’organiser un dialogue inclusif qui débouchera sur des élections libres, transparentes et crédibles. Mais constate le journal, le CMT traîne les pas. Ce qui constitue, à son avis, « Une volonté manifeste de confisquer le pouvoir ».

La Voix qui n’exclut pas non plus une prorogation de la transition estime que si c’est le cas, ce serait pour des raisons financières. Cet hebdomadaire dévoile en effet que la feuille de route du gouvernement de transition est chiffrée à un coût de 4 228,25 milliards de francs CFA, dont 2 486,20 de francs CFA  potentiellement acquis mais 1 742,05 milliards de francs CFA reste à réunir. « Cette feuille de route trop ambitieuse ne dissimule-t-elle pas un agenda caché ? », s’interroge-t-il avec un brin de soupçon. Et de tirer la conclusion que « La mobilisation d’une telle somme risque de conduire inéluctablement au prolongement de la transition ».

La vie devient de plus en plus chère

« La période de soudure s’annonce difficile : les produits alimentaires renchérissent fort », alerte Le Progrès du 27 juillet. Ce quotidien renseigne qu’en dehors des prix de la viande et du poisson, restés stables, et des légumes, qui abondent déjà, ceux des céréales (mil, maïs, riz…), des pâtes alimentaires (macaroni, spaghetti…) et autres condiments (oignon, ail, tomates, etc.) continuent de grimper depuis la période du ramadan. Il en veut pour preuve : le prix du sac de maïs varie entre 25 000 et 28 000 FCFA, selon les marchés alors qu’à la même période l’année dernière, il oscillait entre 22 500 et 25 000 FCFA ; le bidon d’huile de 10 litres importé passe de 9 500 à 13 500 FCFA ; le carton de macaroni de 24 sachets grimpe de 5 500 à 7 000, voire 7 500 FCFA ; le sac du sucre de 25 kilogrammes se vend à 17 500 contre 16 000 il y a peu, etc.

Pour Abba Garde, « cette augmentation brusque impacte lourdement sur le contenu du panier de la ménagère ». Certains grossistes que ce journal a interrogés justifient cette flambée des prix par les taxes douanières et municipales ainsi que les coûts de transport des marchandises. Face à cette situation, le journal dénonce la disparition du concept « juste prix »  mis en place il y a deux ans par la Chambre de commerce pour réguler les prix mais aussi « le silence de cimetière » des associations de défense des droits des consommateurs.