REVUE DE PRESSE – Le congrès du MPS, la mise en place du Conseil national de transition, la tension à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique ou encore l’incident survenu au centre d’instruction militaire de Moussoro sont les sujets qui reviennent le plus dans les colonnes des journaux tchadiens pour la semaine du 7 au 13 juin 2021.

Le MPS joue sa survie

Après le décès de son président fondateur en avril dernier, le Mouvement patriotique du salut (MPS) a organisé un congrès extraordinaire de redynamisation le samedi 12 juin. Un congrès au cours duquel, Haroun Kabadi a été désigné Secrétaire général en remplacement de Mahamat Zen Bada. Mais les journaux qui ont paru avant ce congrès se sont pratiquement tous alarmés sur le sort de l’ex-parti au pouvoir.  Ainsi, N’Djamena Hebdo a estimé que « Le Mps [est] à la croisée des chemins ». Pour ce journal, le parti est à la croisée des chemins, « l’un menant à la renaissance (…) et l’autre vers les enfers ». Hebdo estime en effet que « pendant plus de trois décennies, l’ancien mouvement rebelle n’a pas fonctionné comme un véritable parti. C’était plutôt un regroupement de partisans et courtisans autour d’un président intégral qui avait centralisé tous les pouvoirs par devers lui et s’était inscrit dans une logique clientéliste ». C’est pourquoi, poursuit le journal, « Les héritiers politiques de Déby risque de perdre, au fil des mois, le contrôle de la situation politique (et même économique) ; ce qui débouchera inexorablement sur une bérézina lors des prochaines élections ».

Le Sahel, dans sa livraison du lundi 7 juin avait constaté « Des étincelles au sein du MPS avant le Congrès ». Ce quotidien qui évoque les divergences et incompréhensions au sein du parti au sujet dudit congrès, notamment avait conclut qu’ « A cette allure le 10ème congrès extraordinaire se tiendra sous une tension ».

Ce qui a fait dire au Visionnaire qu’on tend « Vers un éclatement du parti ». Car, justifie-t-il, « Si, pour les uns, cette rencontre permettra de recoller les morceaux après le décès du fondateur du parti, pour d’autres, désormais orphelins, les membres du parti à l’oriflamme guerrière éclateront en plusieurs ».

L’Observateur embouche la même trompette et annonce « Le déclin » du MPS. L’Obs souligne qu’il y a longtemps que le parti à l’oriflamme guerrière ne marche plus comme sur des roulettes, n’eut été les interventions personnelles du président fondateur Idriss Déby Itno. « Pour confirmer cet état de choses, quelques jours seulement, après la mort de leur président rassembleur (18 avril 2021), les Baministes commencent par se diviser sur les quelques parcelles de pouvoir qui leur restent, exposant ainsi les tares de ce vieux parti à la face du monde », relève-t-il.

Mais pour Abba Garde, c’est plutôt un « Mauvais héritage ». Car, explique-t-il, si le parti en est arrivé là, « c’est bien par la faute de ses ténors qui se sont toujours comporté comme si le MPS est uniquement l’affaire d’un Idriss Déby Itno éternel. En 32 ans d’existence, personne n’a daigné prévoir les cas d’accession ou de succession à la tête du parti, ni d’intérim. Le financement du parti incombe à plus de 70% au défunt président via l’argent public. Le président-fondateur était le seul maître à bord. Il était, à la limite, glorifié. Y compris les membres de sa famille, considérés comme les seigneurs du parti ». D’où, conclut cet hebdomadaire, « Tout cela justifie bien cette crise qui laisse transparaitre un inévitable chaos au sein du parti ».

La bataille pour le CNT

La prochaine mise en place du Conseil national de transition est un autre sujet largement évoqué par la presse tchadienne. Ainsi, Alternance 21, une coalition de partis politiques, relayé par L’Observateur, propose que le CNT soit mis en place après une conférence nationale de réconciliation et que les forces vives ayant pris part à cette conférence soient représentées dans l’organe qui servira de parlement transitoire.

Au sujet justement des consultations pour la mise en place du CNT, « Wakit Tama met en garde les autorités de la transition », pointe le Visionnaire. En effet, cette coalition de partis politiques, de syndicats et d’associations de la société civile qui s’oppose au Conseil militaire de transition par des marches depuis quelques semaines estime que le processus de mise en place du Conseil national de transition en cours « ne respecte pas la volonté populaire ».

C’est pourquoi, renchérit N’Djamena Hebdo, on tend « Vers un Conseil national de transition contesté ». Car indique-t-il, depuis la publication du décret fixant les composantes du Conseil national de transition et le critère de désignation de ses membres le 28 mai dernier, « les langues se délient pour critiquer ce décret, surtout les organisations qui ne sont pas fans du Cmt ».

« Vives tensions à la frontière Tchad/Rca »

Passons maintenant à la situation à la frontière tchado-centrafricaine. « Vives tensions à la frontière Tchad/Rca », alerte N’Djamena Hebdo. Pour lui, « Rien ne va plus à la frontière tchado-centrafricaine ». Et de souligner que depuis le 30 mai dernier, date des accrochages, en territoire tchadien dans le département des Monts de Lam entre les forces armées tchadienne et centrafricaine, lors desquels six soldats tchadiens ont été tués et cinq autres enlevés et ensuite exécutés, selon les autorités tchadiennes, « le calme n’est pas revenu dans le secteur en dépit du ballet diplomatique organisé par les autorités centrafricaines en direction de N’Djamena ». Hebdo indique que des informations persistantes font état du « déploiement des unités de l’Armée tchadienne amassées aux frontières sud du pays où les deux camps se regardent en chiens de faïence ».

Le Visionnaire qui évoque aussi un « Impressionnant déploiement militaire à la frontière » informe également que sur le terrain, les deux pays continuent de renforcer leur sécurité aux frontières. Ce qui, tire-t-il la sonnette d’alarme, n’exclut pas des affrontements dans les jours qui suivent, si la diplomatie échoue ».

Abba Garde quant à lui oppose carrément les deux chefs d’Etat à travers ce titre : « Entre MIDI fils et Touadéra, qui vaincra ? ». Car pour ce journal, même si l’on annonce que le Tchad et la Centrafrique sont parvenus à trouver le chemin d’un apaisement, « dans le fond, c’est de la poudre de perlimpinpin ».

« Un recrutement dans l’armée dégénère à Moussoro »

Finissons cette revue de presse par un incident survenu le jeudi 3 juin à Moussoro dans le centre du pays. Abba Garde informe en effet qu’un affrontement entre militaires et les nouvelles recrues, « avec en toile de fond, la ségrégation dans le recrutement des élèves militaires, fait un mort et une vingtaine de blessés » au centre d’instruction de cette ville.

Le Visionnaire qui donne, lui un bilan de trois morts, raconte que dans le cadre d’un recrutement dans l’armée pour renforcer la DGSSIE (Direction générale de service de sécurité des institutions de l’Etat) des jeunes des 23 provinces ont été recrutés pour 200 places. Mais, poursuite le journal de Juda Allahondoum, d’autres jeunes dont la liste « comporterait uniquement les noms des gens issus du clan au pouvoir » ont débarqué à Moussoro pour la formation. « Mécontents du traitement à eux infligés par les responsables en charge du recrutement, les nouvelles recrues ont décidé de se faire entendre…Des échauffourées ont eu lieu entre elles et les militaires et ont fait, selon certaines sources 3 morts et plus d’une vingtaine de blessés… », informe-t-il.

Pour N’Djamena Hebdo, c’est donc « Une armée clanique ». Ce journal estime en effet que ce fait « lève le voile sur le caractère tribal de l’armée tchadienne ».