REVUE DE PRESSE – La désignation d’Haroun Kabadi au poste de Secrétaire général du Mouvement patriotique du salut (MPS) et les chaudes empoignades au sujet de la formation du Conseil national de transition ont particulièrement intéressé la presse tchadienne pour la semaine du 14 au 20 juin 2021.

Le choix d’Haroun Kabadi fait les choux gras de la presse

« Zène Bada déguerpi, Kabadi récompensé », énonce L’Observateur. En effet, rapporte-t-il, après des tractations, des divergences et d’interminables querelles, le 10ème congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du salut (MPS) s’est tenu le 12 juin à N’Djamena. L’Obs de rappeler que le président de l’Assemblée nationale, Dr Haroun Kabadi a été plébiscité comme le nouveau Secrétaire général du parti en lieu et place de Zen Bada. Cet hebdomadaire en vient à conclure que « Cette désignation de Kabadi, selon certaines indiscrétions, est un remerciement après service rendu au président du Conseil Militaire de Transition (CMT), pour avoir accepté de se plier aux exigences de ce dernier ».

Il faut préciser qu’après le décès du président Déby, Haroun Kabadi, en tant que dauphin constitutionnel devait assurer l’intérim mais il a invoqué son état de santé pour ne pas assumer ce rôle, d’où la prise du pouvoir par le CMT.

N’Djamena Hebdo fait justement référence à l’état de santé du nouveau SG du MPS et parle d’ « Un grabataire au chevet d’un malade ». Le MPS, lui aussi, orphelin de son fondateur, traverse une zone de turbulences. Hebdo qui note que c’est un mauvais choix se demande « Comment un gérontocrate, malade de surcroît, peut-il redynamiser un parti à bout de souffle et usé par le pouvoir ? »

« Un pompier nommé Kabadi », renchérit La Voix. Ce journal qui parle de surprise à propos de ce choix, note toutefois que c’est le caractère « distant et froid » de Kabadi qui l’a emporté sur celui « bien trempé » de Mahamat Zen Bada.

Mais pour Abba Garde, c’est plutôt « Honneur et gloire à la kleptomanie ». Car selon lui, non seulement Haroun Kabadi est physiquement inapte mais il est aussi « le kleptomane le plus célèbre de la République ». Abba Garde le décrit comme « l’assassin des plus grandes entreprises d’Etat », notamment la Cotontchad, la compagnie aérienne Air-Tchad mais aussi, « A l’Assemblée nationale où il trône jusqu’à présent, il a organisé une razzia jamais connue dans l’histoire du Tchad ».

« Allons seulement », tranche par contre Le Pays qui indique qu’en choisissant Dr Haroun Kabadi comme nouveau Secrétaire général, le MPS « a échappé à l’implosion sans faire la mue nécessaire à un parti après la perte de son chef ».

Pendant que les autres journaux s’attardent encore sur le choix de Kabadi, Le Sahel dans sa livraison du mardi 15 juin se projette déjà vers l’avenir en évoquant « Les défis qui attendent Haroun Kabadi ». Pour ce quotidien, Haroun Kabadi doit jouer « à l’apaisement pour éviter le naufrage du navire MPS qui tangue depuis quelques semaines après le décès du MIDI (Maréchal Idriss Déby Itno)».

Mais déjà, le nouveau SG du MPS a pris les choses en main pour la redynamisation du parti. Une tâche pour laquelle « Kabadi mise sur les SG provinciaux du MPS », rapporte Le Progrès du lundi 14 juin 2021. Ce quotidien annonce qu’au lendemain de sa désignation, Haroun Kabadi a reçu les 23 secrétaires généraux provinciaux du MPS pour discuter de l’avenir du MPS. Une rencontre lors de laquelle, Haroun Kabadi leur a déclaré, rapporte Le Progrès, « qu’il compte travailler directement avec eux, parce qu’ils sont la base de leur formation politique ».

La bataille du CNT se poursuit

Le second sujet de cette revue de presse a trait au processus de formation du Conseil national de transition (CNT) qui servira de parlement provisoire. « Vers la mise en place du Conseil national de transition », pointe Le Sahel du 15 juin qui informe que le comité ad hoc chargé de désigner les membres du CNT a été mis sur pied par décret du président du Conseil militaire de transition (CMT), Mahamat Idriss Déby, le 13 juin 2021. Un comité dirigé par le vice-président du CMT, le général Djimadoum Tiraïna qui sera épaulé notamment par deux vice-présidents à savoir Mahamat Allahou Taherdu RDP (Rassemblement pour la démocratie et le progrès) et Me Jean-Bernard Padaré du MPS. L’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) de Saleh Kebzabo, les organisations féminines et celles des jeunes ont aussi, chacune, un représentant.

Mais pour L’Observeur, c’est « La catastrophe ». Car, développe-t-il, le président de ce comité ad hoc, Djimadoum Tiraïna, qu’il qualifie de « béni-oui-oui » ne fera que « la volonté de son président Mahamat Idriss Déby alias Mahamat Kaka ». L’Obs souligne donc que si le tir n’est pas rectifié à temps, le CNT ressemblera à l’actuelle Assemblée nationale « qui est aux ordres du pouvoir en place ».

Succès Masra, le leader du parti les Transformateurs, récemment autorisé, dans une interview à N’Djamena Hebdo estime ainsi qu’il faut au préalable organiser un dialogue. Car si le CNT est mis en place maintenant, « nous serions dans une situation bizarre où l’exécutif serait en train de nommer le contre-pouvoir. Il serait donc entre juge et partie ».

C’est dans le même ordre d’idée que s’inscrivent une vingtaine de personnalités tchadiennes à travers un appel dit « du 1er juin ». Relayées par Le Pays, ces personnalités (anciens ministres, ambassadeurs, anciens conseillers à la présidence, universitaires) appellent de leurs vœux à associer « toutes les forces vives de la nation sans exclusion » pour jeter les jalons d’une République véritablement et réellement démocratique. Ce qui passe, selon ces personnalités, par un dialogue inclusif et représentatif, loin des initiatives « peu inclusives, voire partisanes » qui ont suivi l’appel à un « dialogue national inclusif » par le président du CMT, Mahamat Idriss Déby.