REVUE DE PRESSE – La future formation du Conseil national de transition et l’interdiction (une nouvelle fois) de la circulation des voitures à vitres fumées constituent les principaux sujets développés par la presse tchadienne pour la semaine du 31 mai au 6 juin 2021.

« Tiraïna, le gilet pare-balle »

Lors d’une rencontre avec la classe politique et la société civile le 27 mai dernier, le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby a annoncé la mise en place d’un comité ad hoc chargé de mener les consultations en vue de désigner les membres du Conseil national de transition (CNT), le dernier organe de la transition qui reste à mettre en place. Le PCMT a choisi son vice-président, le général Djimadoum Tiraïna pour diriger ce comité ad hoc. « Tiraïna, le gilet pare-balle », analyse N’Djamena Hebdo qui estime qu’en nommant son vice-président à la tête du comité ad hoc, le président du CMT, le général de corps d’armée Mahamat Idriss Déby trouve de facto le « gilet pare-balle idéal ». De cette manière, poursuit le journal, « tous les ratés et les couacs du comité ne retomberaient pas sur lui. Mieux encore, il ne sera pas tenu comptable de tout éventuel échec, manœuvre bien subtile pour se soustraire de nombreuses critiques qui émaneraient de l’opinion nationale voire internationale ».

La Luciole de son côté note que c’est « Une mission pénible pour le vice-président ». Pour cet hebdomadaire, « Les premières consultations s’avèrent compliquées compte tenu de la diversité politique et de la pluralité culturelle du Tchad pour obtenir une représentativité plus équitable ». Sur quel critère le vice-président du CMT mènera-t-il cette opération ? Quelle sera la répartition en termes de nombre par rapport à la multiplicité des parties prenantes ? Voilà autant de questions que pose la Luciole et auxquelles le général Djimadoum Tiraïna sera confrontées.

« Mahamat sur les traces de Déby »

Depuis sa prise du pouvoir, certains journaux ne cessent de comparer Mahamat Idriss Déby à son défunt père. « Mahamat sur les traces de Déby », titre à sa Une N’Djamena Hebdo. Pour l’éditorialiste d’Hebdo, « Le fils a été imposé à la place du père. Et il fait les choses exactement, sinon pire. Il continue à marcher sur les mêmes pas de son père, à la cadence du clientélisme et du népotisme, plaçant les hommes de son clan dans le circuit de commandement de l’armée ». Ce canard écrit qu’Idriss feignait de laisser « un peu du pouvoir au peuple tchadien qui votait ses représentants à l’Assemblée nationale (même si  les élections n’étaient pas transparentes) » mais que Mahamat s’est accaparé tous les pouvoirs à travers une Charte de transition « taillée sur mesure ». Et de conclure qu’avec le CNT, dont il aura le dernier mot dans la finalisation de la liste définitive, « l’héritier d’Idriss Déby Itno parachèvera son omni-présidence ».

La Luciole n’écrit pas autre chose. « Les choses se précisent », pointe ce journal au sujet du « maintien au pouvoir du CMT ». Pour la Luciole, le peuple tchadien qui comptait sur les organisations internationales a été déçu car l’Union africaine a légitimé la transition militaire et l’Union européenne a certes condamné la prise du pouvoir du CMT mais « il parait illusoire de croire que l’UE pourrait trouver une solution aux problèmes des Tchadiens, surtout pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel », conclut la Luciole.

Nouvelle interdiction de la circulation des voitures à vitres fumées et sans plaque

Finissons cette revue de presse hebdomadaire par la décision du gouvernement d’interdire une nouvelle fois la circulation des véhicules à vitres fumées ou sans plaque minéralogique. « De qui se moque-t-on ? », lance N’Djamena Hebdo. Il prédit que cet « Eternel recommencement » risque de ressembler à d’autres qui n’ont pas donné des résultats escomptés. Car, relève-t-il, « le commun des mortels tchadiens connait qui, sous nos, utilisent de tels engins ».  N’Djamena Hebdo trouve anormal de faire exception pour une catégorie de gens (les hauts fonctionnaires civils et militaires ainsi que les diplomates sont exemptés de cette décision).

Abba Garde est également dubitatif à ce sujet. Ce journal qui rappelle qu’un tel arrêté avait déjà été pris par le passé indique que son application a posé problème parce que la « plupart de ces engins camouflés appartiennent aux intouchables du pays ». C’est pourquoi, tire-t-il cette conclusion, « l’application de l’arrêté reste un gros caillou dans les souliers de ceux qui sont censés le faire ».