Le décès la semaine dernière au Sénégal de l’ancien président Hissène Habré, la décision du Tchad de rapatrier 600 de ses 1200 soldats déployés dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali, Niger) dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’augmentation en flèche des prix des denrées sur les marchés ont constitué les sujets les plus traités par la presse tchadienne pour la semaine du 23 au 29 août 2021.

« Hissène Habré s’éteint avec tous ses secrets »

C’est l’actualité qui a volé la vedette la semaine dernière au processus d’organisation du dialogue (et de la transition en général) qui fait les choux gras de la presse depuis plusieurs semaines. L’ancien président Hissène Habré incarcéré depuis 2013 au Sénégal est mort le mardi 24 août de suite de la Covid-19. Il a été condamné en 2016 à une peine de prison à perpétuité pour les crimes commis durant son règne de 1982 à 1990. Compte tenu du fait que la plupart des journaux tchadiens sont des périodiques, seuls quelques-uns qui n’avaient pas encore paru avant son décès en ont parlé. C’est le cas du quotidien Le Progrès qui, dans sa parution du mercredi 25 août indique que  « HH s’éteint avec sa prison à perpétuité ». Le Progrès de signaler au passage que les autorités tchadiennes, à l’annonce de son décès, n’ont projeté aucune cérémonie officielle pour sa mémoire même si elles ont assuré ne voir aucun inconvénient au rapatriement de son corps au Tchad, si ses proches le désirent.  Finalement, ses proches ne l’ont pas voulu et l’ancien président a été inhumé au Sénégal 48 mois après son décès. Pour Le Sahel du 25 août, « Le “lion” a cessé de rugir », en référence à l’appellation « Le lion de l’UNIR » lorsqu’il dirigeait d’une main de fer le Tchad à la tête du parti qu’il a fondé après sa prise du pouvoir. L’hebdomadaire La Voix retient quant à lui qu’ « Hissein Habré s’éteint avec tous ses secrets ». En effet, ce journal qui relève que « Les Tchadiens retiendront de lui l’image d’un tyran sanguinaire et d’un homme d’Etat respecté », déplore toutefois qu’il rejoigne l’au-delà « avec tous ses secrets et mystères ».

Le Tchad réduit de moitié son contingent dans la zone des trois frontières

En prenant la présidence du G5 Sahel en février dernier à N’Djamena, feu président Idriss Déby Itno a décidé d’envoyer un contingent de 1 200 soldats dans la zone dite des trois frontières (Burkina, Mali et Niger) afin de faire face aux terroristes qui écument cette zone. Mais le 21 août, le gouvernement a annoncé le rapatriement de la moitié de ces soldats. Le Sahel du 23 août et N’Djamena Hebdo qui ont, tous les deux cités le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, renseignent que ce n’est pas un retrait mais juste un redéploiement stratégique décidé de commun accord avec les autres pays du G5 Sahel et le commandement de leur force commune. « Nous avons décidé de laisser une force plus légère, plus adaptée au terrain », souligne Abderman Koulamallah, relayé par Le Sahel. Mais pour La Voix, il y a des motivations de sécurité intérieure derrière cette décision. « En effet, d’après certains observateurs, ce sont les bruits de bottes aux frontières du Tchad avec la Libye et la Centrafrique qui expliqueraient ce retour des 600 soldats au pays.  A cela vient se greffer des impératifs liés à la lutte contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad », analyse-t-il.

« Kaka : le peuple a faim »

Depuis quelques semaines, la vie est difficile à N’Djamena en raison de l’augmentation vertigineuse des prix des denrées de première nécessité. Abba Garde qui a fait le tour de la question à travers un numéro presqu’exclusivement consacré à cette problématique de la cherté de vie interpelle directement le président de la transition, à travers ce titre de Une : « Kaka : le peuple meurt de faim ». Cet hebdomadaire invite le Conseil militaire de transition qui dirige le pays depuis plus de quatre mois à trouver des solutions urgentes, sinon « la grenade sociale se dégoupillera un bon matin ». Au vu des prix prohibitifs pratiqués sur les marchés, Le Sahel du 25 août se demande de son côté  ce que devient l’arrêté fixant l’opération « Juste prix ». Il s’agit d’un concept décidé en mai 2019 par la Chambre de commerce et soutenu par le gouvernement qui visait à sensibiliser les commerçants à fixer des prix raisonnables. En contrepartie, le gouvernement avait décidé d’exonérer de taxes les principales denrées alimentaires. Mais, constate ce quotidien, cet acte est « laissé aux oubliettes ». Dans cette situation angoissante, Le Progrès apporte une lueur d’espoir. « Des prémices dénouent la période de soudure », annonce-t-il en soulignant que manioc, maïs, arachide, patate, igname…inondent les marchés. Ce qui, estime le journal, permet de « recoller » la période de soudure, réputée « très compliquée… ».