La fin définitive de la transition avec l’installation du Sénat et l’arrestation de deux journalistes sont au menu de votre revue de presse hebdomadaire.

La boucle est bouclée

Enclenchée depuis avril 2021 à la suite de la mort tragique du président Idriss Déby Itno, la transition tchadienne a définitivement pris fin avec la mise en place du Sénat.

Et N’Djaména Hebdo nous informe que c’est Haroun Kabadi qui est le président de cette institution. Le journal note qu’il a été plébiscité et porté au perchoir lors de la cérémonie d’installation de cette Chambre haute du Parlement le 7 mars 2025.

Le Progrès complète qu’à ce poste, il devient la deuxième personnalité de l’Etat, après le président de la République. « Selon la Constitution, en cas de vacances du pouvoir, le président du Sénat assure l’intérim du président de la République », précise ce quotidien.

Mais Abba Garde évoque « Les calamités de l’ordre constitutionnel retrouvé » avec les visages de Haroun Kabadi (président du Sénat), Ali Kolotou Tchaïmi (président de l’Assemblée nationale), Samir Adam Annour (président de la Cour suprême), Saleh Kebzabo (médiateur de la République) et Jean-Bernard Padaré (président du Conseil constitutionnel). Le journal qui développe qu’en s’entourant de ces personnages « sulfureux, Kaka extériorise sa vision de conserver, aussi longtemps, le pouvoir pour le pouvoir, comme l’a fait son feu père ». L’hebdomadaire de conclure que « La tragédie qu’a connue ce dernier (Déby père) tire sa source de la frustration et des mécontentements créés par ces gérontocrates sans foi, tous capables de ne pas apercevoir l’éléphant dans un couloir quand il s’agit de sauver leurs intérêts ».

S’il y a bien un homme qui a été oublié dans ce retour à l’ordre constitutionnel, c’est Mahamat Zen Bada, pense L’Observateur. « Tous ceux qui ont aidé le président Mahamat Idriss Déby Itno à conserver le pouvoir depuis avril 2021 ont été généreusement récompensés d’une manière ou d’une autre. Il y a ceux qui ont hérité des postes sénatoriaux sur décret signé par le chef de l’Etat. Il y a aussi ceux qui ont été propulsés comme députés, conseillers provinciaux et communaux. Cependant, l’un des artisans et l’homme des situations difficiles du parti MPS, Mahamat Zen Bada, semble pour le moment avoir été oublié par Mahamat Kaka », écrit L’Obs. Il se demande en fin si le président de la République a « définitivement mis une croix » sur l’ancien secrétaire général de son parti.

Des journalistes derrière les barreaux

Depuis le 10 mars, les journalistes Monodji Mbaindiguim Olivier, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays et un des correspondants de RFI au Tchad et son confrère Mahamat Al Hissein de l’ONAMA (médias publics) et deux autres personnes croupissent à la maison d’arrêt de Klessoum. Selon le procureur Oumar Mahamat Kedelaye, il leur est reproché des « faits constitutifs d’infractions des intelligences de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Tchad, à ses intérêts économiques, de complot contre l’Etat et complicité ».

Mais pour Abba Garde, ces journalistes « sont emprisonnés injustement ».

L’Observateur estime que « La chape de plomb s’abat sur les journalistes ». Le journal qui se demande si le retour à l’ordre constitutionnel serait-il synonyme de retour du « bâton et le prélude à la période de chape de plomb pour les journalistes ? ». L’Obs qui affirme être en droit de se poser cette question car cette « vague » d’interpellations et d’arrestations des journalistes annonce « des jours sombres pour la profession et n’augure rien de bon pour le quatrième pouvoir ».

N’Djaména Hebdo ajoute que la liberté de la presse considérée comme le baromètre de toute démocratie est « en passe d’être étranglée ». Car, croit savoir Hebdo, « L’objectif du pouvoir est d’étouffer toute voix discordante afin de sévir à sa guise ».