Les tueries sur le site aurifère de Kouri Bougoudi et l’arrestation des organisateurs de la marche du 14 mai et les conséquences qui en découlent sont les principaux sujets au menu de votre revue de presse hebdomadaire.
« Massacre à Kouri Bougoudi »
A la fin du mois dernier, des affrontements meurtriers ont eu lieu sur le site aurifère de Kouri Bougoudi dans le Tibesti. « Massacre à Kouri Bougoudi », titre en petite Une N’Djamena Hebdo qui parle de massacres « de masse ». Le journal évoque en effet un bilan de plus de 200 morts (le ministre de la Défense a, quant à lui, indiqué qu’il y a une centaine de morts) dans ces affrontements qui, selon un communiqué du ministre de la Communication, a opposé des « groupes d’orpailleurs entre eux ».
« A quand la fin ? », s’interroge de son côté Le Pays qui déplore qu’« Encore une fois, le sang a coulé », allusion sans doute aux autres événements douloureux de Faya, Abéché, Sandana, Kelo, Danamadji, etc. qui ont endeuillé le Tchad. Pour le journal de Madjiasra Nako, ce qui s’est passé à Kouri Bougoudi est un « échec ». Celui du Conseil militaire de transition qui a promis sécurité et stabilité en prenant le pouvoir à la mort d’Idriss Déby Itno. « Depuis, les massacres se suivent sans que la justice et l’Etat de droit ne s’affirment. Jusqu’à quand cela va-t-il continuer ? », se demande-t-il.
Le Progrès explique que chaque année, depuis huit ans, des violences communautaires avec mort d’hommes sont enregistrées dans cette partie du Tchad. Les causes, détaille ce quotidien, tournent toujours autour du contrôle des zones d’orpaillage. « A en croire des sources concordantes, chaque groupe veut avoir sa prédominance sur telle ou telle partie ou espace à exploiter. L’absence de l’autorité de l’Etat dans ces zones pousse les uns à agir en toute impunité. Seule la loi de la jungle est appliquée… », indique le journal.
L’arrestation des leaders de Wakit Tamma fait bouger le pays
Les six organisateurs de la marche du 14 mai, arrêtés depuis trois semaines, sont jugés ce lundi, 6 juin, au tribunal de Moussoro, ville dans laquelle ils ont été déportés après quelques jours à la maison d’arrêt de N’Djamena. Ces six personnes, dont deux avocats, le secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad (UST), le secrétaire général du syndicat des commerçants fournisseurs tchadiens, un ancien conseiller à la Présidence et un ex-diplomate sont en prison parce qu’à la fin de la marche qu’elles ont organisée, il y a eu des casses, notamment de sept stations Total.
Mais pour Le Pays, « Le gouvernement [est] à l’épreuve ». Car, écrit-il, en plus du fait que les six prisonniers ont décidé de faire grève de la faim, les « politico-militaires réaffirment leur soutien aux revendications « légitimes » des manifestants et « menacent » en dénonçant l’attitude du gouvernement de transition qui ne « favorise pas un climat serein » pour la poursuite des négociations de paix et la tenue du dialogue national. Tandis que de son côté, « l’UST débraie ». En effet, la principale centrale syndicale est entrée en grève pour demander la libération de son secrétaire général et de ses compagnons.
« Le CMT pris entre deux feux », estime L’Observateur. Pour cet hebdomadaire, le Conseil militaire de transition qui a vu son pouvoir « légitimé par l’Elysée », se voit, d’un côté, dans le « devoir et l’obligation » de réparer l’« humiliation » (marche contre la France du 14 mai) en « matant » toutes formes de contestations et de « sévir de manière exemplaire » contre les leaders de Wakit tamma, « de peur de subir le courroux de la métropole ». D’un autre côté, poursuit L’Obs, il doit faire face à une levée de boucliers de « toutes » les couches sociales, syndicats, partis politiques, société civile, politico-militaires, avocats, magistrats et religieux qui sont « vent debout » pour réclamer la libération des leaders de Wakit Tamma.
La grève déclenchée par l’UST, constate N’Djamena Hebdo « affecte le fonctionnement des domaines de la santé, de l’éducation et quelques ministères ». Le journal d’ajouter que la centrale syndicale entend poursuivre sa grève jusqu’à la libération totale des leaders et prévoit la cessation du service minimum dans les hôpitaux.
Le Progrès renchérit que « Les activités dans les juridictions [sont] toujours paralysées ». A l’issue d’une assemblée générale le vendredi 27 mai, les avocats tchadiens décident de maintenir la cessation des activités et réclament la libération des personnes arrêtées et détenues après la marche du 14 mai 2022, parmi lesquelles deux avocats. « Ils interpellent le gouvernement de transition pour le respect des règles des procédures et des lois de façon générale, gage d’un véritable Etat de droit », rapporte Le Progrès.