Lors d’une sortie médiatique le 14 juin 2025, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djaména, Oumar Mahamat Kedelaye, a mis en garde les journalistes et membres de la société civile qui se rendent à Mandakao, dans le Logone occidental pour des reportages et enquêtes sur le drame survenu dans cette localité le 14 mai 2025. Ce qui soulève une levée de boucliers des médias.
« Le censeur des libertés » pour N’Djaména Hebdo, « Kedelaye le nouveau “casseur de plume” » (en référence à l’ancien ministre de la Sécurité publique Ahmat Mahamat Bachir) pour Le Visionnaire et « Kedelaye met le bâillon à la presse tchadienne ! » pour L’Observateur.
Les journaux tchadiens ont les mots assez durs à l’endroit du procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djaména, Oumar Mahamat Kedelaye. En effet, le 14 juin dernier, il avait mis en garde les journalistes et les membres de la société civile qui se rendent à Mandakao, cette localité de la province du Logone occidental où un conflit a fait une quarantaine de morts le 14 mai 2025. « Certains journalistes et membres des sociétés civiles se permettent de se rendre, de leurs propres initiatives, à Mandakao (…) pour interroger certains habitants de ce village. Cette affaire est en cours devant les juridictions compétentes (…). Toute autre démarche parallèle est susceptible de constituer un empiètement sur les fonctions judiciaires ou des usurpations des fonctions, et pourrait éventuellement exposer son auteur à des poursuites judiciaires », a-t-il averti, relayé par N’Djaména Hebdo.
Le Visionnaire estime, « sans ambages » que les menaces proférées par le procureur de N’Djaména constituent des « entraves graves à la liberté d’expression et de presse ».
« De quoi a-t-on peur ? », renchérit L’Observateur qui pense que l’homme de loi doit plutôt « encourager tous ceux qui veulent bien faire jaillir la vérité comme les journalistes et les défenseurs des droits humains ».
Le secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens, Gotingar Serge Manassé, vient à en conclure, dans les colonnes de N’Djaména Hebdo, que « Si le procureur de la République veut empêcher aux journalistes de se rendre sur le terrain, pour se faire une opinion et informer objectivement les citoyens, c’est peut-être pour dissimuler les choses qu’il connaît être vraiment floues et que les autorités gouvernementales, provinciales et locales aimeraient cacher avec la complicité de la justice ».