Le jugement à la prison de Koro Toro des personnes arrêtées suite aux manifestations du 20 octobre continue d’occuper les colonnes des journaux tchadiens.

Lors d’un point de presse, le lundi 5 décembre, le procureur de N’Djamena, Moussa Wade Djibrine a fait le bilan de l’audience foraine organisée à la prison de haute sécurité de Koro Toro, à 600 kilomètres de N’Djamena, où les personnes arrêtées suite aux manifestations sanglantes du 20 octobre 2022 ont été emmenées. Selon le procureur, sur les 401 personnes traduites en procédure de flagrant délit, 262 sont condamnées à des peines d’emprisonnement ferme, allant de deux à trois ans ; 80 condamnées à des peines d’emprisonnement avec sursis, allant de 12 à 24 mois ; 59 déclarés non coupables ; 80 mineurs ramenés à la maison d’arrêt de Klessoum pour la suite de la procédure (ils sont libérés quelques jours plus tard).

Un procès qui, comme le rappelle N’Djamena Hebdo, s’est tenu sans la présence des avocats puisque leur conseil a dénoncé « les vices de procédures, et le refus du gouvernement de mettre à la disposition des prévenus des avocats ».

Pour Le Visionnaire, « La justice viole ses propres principes ». En effet, l’éditorialiste estime que les manifestants du 20 octobre sont jugés sans le moindre respect pour un Etat de droit. « Ils n’ont pas eu droit à un procès équitable », insiste cet hebdomadaire qui en vient à conclure que « la vie de droit est potentiellement menacée au Tchad ».  

Abba Garde qui fait de ce sujet le « Débat de la semaine » relève aussi que « Les avocats boudent la mascarade judiciaire organisée ». Le journal note ainsi que telle « la caravane qui passe en dépit des aboiements du chien, l’audience dite foraine a débuté sans assistance, ni défense, moins encore d’observateurs ».

Ce procès a suscité des réactions même en dehors des frontières nationales. C’est le cas de la Directrice régionale d’Amnesty Internationale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Samira Daoud. « L’absence des avocats, des familles des accusés et l’accès aux audiences refusé aux journalistes, soulèvent de fortes préoccupations, le respect du droit à un procès équitable, qui inclut notamment le droit de préparer sa propre défense et le droit à un procès public », a-t-elle réagi, relayé par l’hebdomadaire Le Citoyen.