Le mandat d’arrêt international lancé contre le président du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), Mahamat Mahdi Ali, et la déclaration du président de transition sur le fait que la justice tchadienne se porte mal sont au menu de votre revue de presse hebdomadaire.
La justice tchadienne recherche Mahamat Mahdi Ali
Le verdict du procès des rebelles du Front pour l’alternance et la concordance au Tchad (FACT) a été rendu public le mardi 21 mars dernier. Les hebdomadaires étant déjà à l’imprimerie ou dans les kiosques, c’est seul le quotidien Le Progrès qui relaie cette information. Il cite le procureur général près la Cour d’appel de N’Djamena, Mahamat El-hadji Abba Nana qui indique qu’après plus d’un mois de procès, six personnes reconnues coupables des crimes d’enrôlement des enfants mineurs dans les groupes armés, d’actes de terrorisme, de mercenariat, d’atteinte à la vie du chef de l’Etat et d’atteinte à la sécurité du territoire national ont été condamnées à de la prison à vie. Parmi elles, il y a Mahamat Mahdi Ali qui ne se trouve pas au Tchad et qui a donc été condamné par contumace. Selon le procureur, toujours cité par Le Progrès, 380 accusés ont été déclarés coupables de crimes d’actes de terrorisme, de mercenariat, d’atteinte à la vie du chef de l’Etat et d’atteinte à la sécurité du territoire national et condamnés également à la peine d’emprisonnement à vie. A noter que 24 autres accusés non coupables ont été acquittés.
La presse ne croit pas à la sincérité du chef de l’Etat
Le constat du président de transition sur l’état de la justice fait parler. Mahamat Idriss Déby Itno a déclaré le 15 mars 2023, lors de la commémoration des 25 ans du Barreau du Tchad couplée à la rentrée solennelle des avocats, que la justice tchadienne va mal.
Abba Garde parle « Du bavardage inutile ». Car pour les citoyens à qui il a donné la parole dans le cadre du « Débat de la semaine », la corruption, l’incompétence des magistrats mais surtout « l’immixtion du pouvoir exécutif » sont les principales causes du dysfonctionnement de la justice tchadienne.
Le Pays va plus loin en plaquant à sa Une que le chef de l’Etat « se moque de la Justice ». Pour cet hebdomadaire, il ne suffit pas d’admettre que la justice se porte mal. « Il faut punir les indélicats et arrêter de les responsabiliser, sans quoi le discours de ce 15 mars ne sera que pure moquerie ». En effet, renchérit-il, il lui suffisait de lever juste la tête pour s’apercevoir qu’il est entouré des « auteurs » du massacre des prisonniers en transfert pour Moussoro, des « bandits qui ont détourné des milliards » destinés à concevoir des livres pour les enfants tchadiens et autres « repris de justice qui constituent l’ossature de son système ».
Pour Le Visionnaire, « Mahamat Kaka [est] sur les traces de son feu père ». Ce titre rappelle que son feu père, le maréchal du Tchad, avant de passer de vie à trépas, avait « tant chanté l’avenir de la justice tchadienne dont il se réclamait garant. Il ne cessait pas de dire que l’appareil judiciaire doit être réformé afin de permettre aux Tchadiens de vivre la justice, l’égalité et l’équité. Mais que nenni et les Tchadiens n’ont pas vécu cette justice jusqu’à ce qu’il ne passe de l’autre côté…Fort curieusement, la déclaration du fils ressemble bien à un plagiat du père ».
Ce sentiment est partagé par N’Djamena Hebdo qui estime que Déby fils est dans la droite ligne de Déby père, avec la même conception de la Justice : « un pouvoir inféodé, souvent utilisé pour faire taire les opposants. Qu’il arrête donc de nous chanter : ‟indépendance de la justice tcha tcha tchad” ! C’est un disque rayé depuis belle lurette ».