La publication de la liste du gouvernement de transition et la manifestation du 27 avril 2021 sont les principaux sujets abordés par la presse tchadienne pour la semaine du 3 au 9 mai 2021.

« Un gouvernement de large participation »

Nommé le 26 avril 2021, le Premier ministre de transition, Pahimi Padacké Albert a formé son gouvernement le 2 mai. « Un gouvernement de large participation », pointe le progrès du lundi 3 mai qui indique que ce gouvernement de 40 membres comporte des militants de nombreux partis, aussi bien de l’ex opposition que l’ex majorité présidentielle.

Le Visionnaire, lui, constate que « Pahimi a su flouer les autres ». Le journal justifie ce titre en détaillant que le Premier ministre n’a retenu que deux des noms proposés par l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) de Saleh Kebzabo et un seul sur les trois envoyés par le Rassemblement national pour la démocratie et le progrès (Viva-RNDP) de Kassiré Coumakoye.  

L’autre quotidien, Le Sahel, dans son numéro du mardi 4 mai, écrit que « Des opposants désavouent l’équipe de Pahimi ». Il cite notamment Succès Masra, Mahamat Nour Ibedou, Laoukein Kourayo Médard et Djekombé François qui « sont toujours réfractaires à l’idée de laisser les militaires diriger le pays et appellent toujours à boycotter le CMT (Conseil militaire de transition, ndlr) dirigé par Général Mahamat Idriss Déby, fils d’Idriss Déby ».  

Abba Garde, quant à lui, estime que « Globalement, c’est du neuf fait avec du vieux ». Car, écrit-il, « c’est une équipe composée de 40 membres dont 9 femmes, 2 vétérans de la politique tchadienne, 12 laudateurs de l’ancienne équipe dissoute et quelques novices » tout en précisant que « l’opposition radicale y est ».

L’Observateur ne dit pas autre chose en constatant que c’est « Du Déby sans Déby ». Cet hebdomadaire souligne que vu la configuration du nouveau gouvernement de transition, « le parti au pouvoir, issu de l’ancien système reste majoritaire. En sus de son fils, ses proches parents sont toujours dans l’entourage du pouvoir. Il y a juste eu un saupoudrage avec l’entrée de quelques opportunistes pour faire croire à un gouvernement de réconciliation… ». L’Obs invite donc « tous ceux qui croient qu’une page de notre histoire vient de se tourner avec la mort brutale du Maréchal Déby, et qu’une nouvelle page est en train de s’écrire », à se « détromper ».

En dehors de ces débats, Le Sahel, dans sa parution du lundi 3 mai se demande si le gouvernement de Pahimi sera à la hauteur car, estime-t-il, « les défis sont immenses ». Des défis qui consistent, toujours d’après Le Sahel à « gérer la période transition » et à préparer la tenue prochaine d’un dialogue national inclusif pouvant réunir les filles et fils du Tchad pour « faire taire les guéguerres et tourner la page d’une longue histoire ».

« Un mardi ensanglanté »

Des manifestations populaires ont secoué le mardi 27 avril dernier la ville de N’Djamena ainsi que quelques villes des provinces. Lancées par la coalition Wakit Tama, elles avaient pour but de protester contre le Conseil militaire de transition et l’ingérence de la France dans les affaires internes du Tchad.

N’Djamena Hebdo évoque « Un mardi ensanglanté ». Ce journal note qu’en plus de N’Djamena, des concerts de casseroles qui ont dégénéré en manifestations contre le Conseil militaire de transition, « se sont soldés par mort d’hommes et des blessés dans les deux villes, ainsi qu’à Moundou ».

L’Observateur abonde dans le même sens en parlant d’ « Une manifestation violemment réprimée ». Le journal de Sy Koumba Singa Gali qui donne un bilan de plus de 700 manifestants arrêtés, plus de 100 blessés et 12 morts à N’Djamena et dans certaines provinces, conclut que « Jamais, une manifestation n’a été aussi violemment réprimée… »

« Désaveu populaire », titre de son côté Abba Garde. Pour ce canard, « la sortie massive et historique du peuple tchadien dans les rues de la capitale N’Djaména et dans les provinces, pour dire non à la dévolution monarchique du pouvoir, est l’expression de la somme de toutes les frustrations encaissées depuis des lustres ».

La Voix, quant à lui, pointe : « Le CMT à l’épreuve de la rue ». Le journal de Djambalbarh qui rappelle qu’une semaine après sa prise de pouvoir, le Conseil militaire de transition a fait face aux premières manifestations de contestation de sa légitimité, estime que « le bras de fer entre le CMT et ses opposants est loin d’être terminé ». « Les prochains jours pourraient être riches en rebondissement », prévient-il.