L’expulsion de l’ambassadeur d’Allemagne au Tchad, la controverse autour de la mise en place de la Commission chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC) et la mort du patriarche Garondé Djarma sont les sujets au menu de votre revue de presse hebdomadaire.
Crise ouverte entre le Tchad et l’Allemagne
Le 07 avril dernier, le gouvernement tchadien a déclaré l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Tchad, Dr Jan Christian Gordon Kricke persona non grata et lui a donné 48 heures pour quitter. Le gouvernement lui reproche une « attitude discourtoise » et le non-respect des usages diplomatiques. 24 heures plus tard, il a quitté le Tchad. Une expulsion que Le Pays a vu venir. « Des indiscrétions nous apprennent que les autorités de transition supportent de moins en moins le ton critique d’un plénipotentiaire européen et envisagent sérieusement de l’expulser », rapporte le journal qui a paru avant l’annonce de cette décision.
Pour Abba Garde, c’est un « apôtre de la vérité chassé ». En effet, estime-t-il, pour avoir refusé d’apporter son soutien à « un pouvoir dynastique », l’ambassadeur Gordon est « chassé ». « Attaché à l’idéal démocratique, il s’est mis du côté du peuple opprimé, tué, torturé et astreint à la misère. Il quitte le Tchad tête haute », juge ce journal.
N’Djamena Hebdo qui n’hésite pas à parler de « gaffes » écrit que l’expulsion de l’ambassadeur allemand est « très cavalière, irréfléchie et viole les us diplomatiques ». Hebdo qui rappelle que dans l’échelle des sanctions diplomatiques, il y a plusieurs degrés à respecter notamment la convocation d’un ambassadeur au ministère des Affaires étrangères, le rappel d’un ambassadeur dans son pays et en fin l’expulsion. « A aucun moment, les deux premiers degrés des sanctions diplomatiques n’ont été respectés », insiste ce titre.
L’Observateur évoque également « deux grosses bourdes » relativement à cette affaire ainsi qu’à la nationalisation de tous les actifs d’Esso. Le journal fondé par Mme Sy Koumbo Singa Gali qui affirme que le mal est fait se demande ce qui reste à faire si ce n’est que de sauver les meubles.
Cependant, il faut souligner que quatre jours après l’expulsion de son ambassadeur, l’Allemagne a appliqué la mesure de réciprocité en donnant 48 heures à l’ambassadrice tchadienne pour quitter son territoire.
La CONOREC de la discorde
La mise en place de la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel et de ses démembrements suscite des débats dans la classe politique tchadienne. C’est ainsi qu’on a assisté à une passe d’armes entre l’ancien parti au pouvoir, le MPS et l’UNDR du Premier ministre Saleh Kebzabo. Le second a accusé le premier de vouloir caporaliser cet organe à travers ses nombreuses missions de terrain. A son tour, le MPS a répondu être simplement en sensibilisation de ses militants sur le terrain avant d’inviter l’UNDR à avoir « un comportement responsable pour une transition apaisée ».
Mais pour L’Observateur, cette guéguerre n’est de que de l’« enfumage politique » car, estime-t-il, ces partis sont de même « plumage politique » et ne font que « distraire l’opinion pour faire passer les « manœuvres d’exclusion et à la compromission du processus référendaire ».
C’est dans ce sens que le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP) menace de boycotter ce référendum et de rejeter d’une manière générale la transition si sa proposition n’est pas prise en compte. Lors d’une conférence de presse dont rend compte N’Djamena Hebdo, ce groupe de 14 partis politiques exige la mise en place des organes inclusifs « à même d’engager le retour inclusif, égalitaire et transparent de l’ordre constitutionnel ».
Cette peine à trouver une solution consensuelle pour l’organisation du référendum amène Abba Garde à se demander si « Le pari est-il tenable ? ». En effet, le Premier ministre a annoncé la tenue de ce référendum avant la fin de l’année 2023. Mais dans le « Débat de la semaine », les citoyens, majoritairement d’hommes politiques, à qui le journal a donné la parole n’y croient pas.
Garondé Djarma passe l’arme à gauche
Terminons cette revue de presse par une triste note, le décès le 8 avril 2023, à l’âge de 85 ans du patriarche Alhadj Garondé Djarma. L’Observateur et N’Djamena Hebdo lui rende hommage.
« Adieu vieux frère », écrit ainsi le directeur de publication de L’Obs, Samory Ngaradoumbé qui relève que cette disparition est un « coup dur » pour le journal L’Observateur dont il fut un « constant collaborateur et un fervent ami ». Samory rappelle que son engagement aux côtés du journal lui avait valu la prison, en même temps que ses responsables. « Nous garderons de toi une image très positive d’un homme qui, malgré l’adversité et les difficultés de la vie est resté fier et digne », témoigne-t-il.
C’est également ce caractère de dur à cuire que retient N’Djamena Hebdo qui placarde « Adieu combattant de la liberté ». Hebdo souligne que cet ancien membre du Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT) s’est opposé à presque tous les régimes qui se sont succédés. « Sous feu Idriss Déby, il a adopté une liberté de ton à travers ses écrits qui lui ont valu la prison », note le journal.