Après quelques mois d’interruption, votre revue de presse est de retour. Pour la semaine du 11 au 17 janvier 2021, les journaux tchadiens ont évoqué essentiellement le confinement de la capitale, la grève de la plateforme syndicale revendicative, la question de la vice-présidence ou encore le chef de file de l’opposition traité de « Kodo » lors d’un séjour au sud du pays par un élément de l’Agence nationale de sécurité. Par Madjissembaye Ngarndinon.

Le confinement-Le 31 décembre 2020, à travers le décret 2585, le chef de l’État, Idriss Déby Itno, a instauré le confinement de la ville de N’Djamena. Une décision justifiée par la hausse des cas de contamination dans la capitale. Cette mesure, déjà renouvelée deux fois mais avec d’importants allègements, fait les choux gras de la presse tchadienne.

« Les N’Djaménois n’ont que les yeux pour pleurer », titre à sa page 4, L’Observateur. En effet, pour L’Obs, « ces mesures prises par le gouvernement dans le but d’endiguer la propagation de la pandémie de la Covid-19, ont des répercussions sur les activités et constituent une autre source de souffrance pour la population ». Le Visionnaire enfonce le clou en affirmant que « le pire n’est pas à exclure ». Car, note-t-il, « à l’allure où vont les choses, la levée ou non de certaines mesures sanitaires par le gouvernement dépend de l’évolution de la pandémie dont le nombre des contaminés va croissant du jour au lendemain dans la capitale tchadienne ». Le quotidien Le Progrès de son côté va plus loin, dans sa livraison du 11 janvier, en se penchant sur les « détours à risques du confinement de N’Djamena ». En effet, ce journal fait un zoom sur les voyageurs bloqués aux entrées de N’Djamena qui font tout pour rentrer dans la capitale soit en implorant la clémence des force de sécurité, soit en passant par des voies détournées, en ayant recours aux mototaxis notamment. Mais ce confinement qui donne tant de maux de tête aux populations n’est simplement pas justifié, selon le médecin cardiologue, Dr Kodingar Kevin, dans une interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire La Voix. En étayant sa thèse par 10 points qu’il résume en « confinement pour les Nuls » ou « comment comprendre le confinement », il conclut qu’il faut retirer ou modifier ce décret.

Finalement, ayant sans doute pris en compte les doléances et avis, le gouvernement a allégé substantiellement les mesures restrictives, avec obligation du respect des gestes barrières.

La grève-La grève générale décidée le 09 et qui a commencé le 11 janvier 2021 figure également en bonne place cette semaine dans les journaux. Le quotidien Le Progrès du 11 janvier informe ainsi que « la plateforme syndicale lance une grève générale ». N’Djaména Hebdo va dans le même sens en indiquant que rien ne va plus entre le gouvernement et la plateforme syndicale revendicative composée de l’UST (Union des syndicats du Tchad), de la CIST (Confédération indépendante des syndicats du Tchad), du SYNECS (Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur) et du SYMET (Syndicat des médecins du Tchad). Le journal qui souligne que « la trêve observée depuis un an a volé le samedi 9 janvier 2021 en éclats » recense les revendications qui sont : la levée du gel des effets financiers des avancements et des reclassements, le paiement des frais de transport de 2017 à 2019. Des revendications pour lesquelles « les travailleurs en ont marre d’attendre », estime de son côté L’Observateur.

La question de la vice-présidence – Un autre sujet qui a intéressé la presse c’est la question de la vice-présidence. Un poste prévu par la nouvelle constitution tchadienne mais qui continue à faire débat. Dans une tribune reprise par L’Obs et Le Visionnaire, et qui est tirée d’un de ses articles en instance de publication, Allah-Adoumbeye Djimadoumngar, Maître-assistant de droit public, estime que « l’apparition des vice-présidences dans certaines constitutions d’Afrique noire francophone ces dernières années peut être perçue à l’évidence comme un correctif aux modèles juridico-politiques importés, lesquels n’ont pas donné les résultats escomptés en termes de stabilité, et se sont révélés inadaptés aux réalités africaines ». Pour cet enseignant-chercheur, la vice-présidence apparait comme une garantie de la stabilité des institutions. « Elle permet de pallier les cas d’empêchement temporaire, définitif, de démission ou de décès du Président de la République. »

Félix traité de « Kodo »– L’Observateur et Le Visionnaire se partagent encore un autre sujet : celui de Félix Romadoumngar Nialbé qui a été traité de ”Kodo” lors d’un séjour dans la partie méridionale du pays. Le Visionnaire qui raconte le fait qui s’est passé en décembre dernier indique que le chef de file de l’opposition tchadienne, en tournée dans la province du Mandoul, a présenté ses civilités aux autorités locales (précisément le secrétaire général car le gouverneur était absent) avant de vaquer à ses occupations. Mais, poursuit le journal de Juda Allahondoum, un élément de l’Agence nationale de sécurité l’a traité de « Kodo » « ayant infiltré clandestinement la ville, dans l’intention d’organiser une bande de rébellion contre le pouvoir de Déby ». « Me taxer de Kodo, je ne peux pas accepter parce que le Kodo était une Force rebelle sudiste face aux Forces armées du Nord (FAN)… », tonne le député, visiblement furieux, relayé par L’Observateur.