La guerre pour la libération des régions du nord a connu un tournant décisif à la fin de la semaine dernière avec la reprise de la ville de Gao et l’arrivée des troupes françaises et maliennes à Tombouctou. Les habitants de Konna, Douentza, Hombori, Gossi et Gao savourent désormais la liberté retrouvée. La plupart de ces villes ont été reconquises sans que nos militaires et leurs alliés français rencontrent véritablement de résistance, les islamistes ayant préféré fuir plutôt que se battre.   Partie pour une mission à Douentza, notre équipe de reportage qui a embarqué avec les militaires s’est finalement retrouvée à Gao, tant les choses sont allées vite. Le convoi de ravitaillement et de soutien avançait lentement mais sûrement. Car, l’ennemi pouvait tendre des pièges. La composition du convoi militaire supposait que la mission n’allait pas se limiter à Douentza. Plus l’on avançait, plus le convoi gagnait en taille avec des camions de ravitaillement (carburants, munitions, pièces de rechange, moyens de communication militaires).   Ce sont des troupes très motivées qui ont pris la direction du Nord. Leur arrivée à Konna et Douentza comme dans d’autres localités a donné lieu à des scènes de liesse populaire frôlant l’hystérie collective. Les habitants de Douentza ont assisté avec une énorme satisfaction la réinstallation du sous-préfet dans son fauteuil.   Les cours devaient reprendre hier dans la ville. La nouvelle  a été annoncée par le directeur du groupe scolaire « F ». « Nous sommes libres et nous reprenons les cours dès lundi », avait-il assuré pendant le week-end.   Issouf Ongoïba, un habitant de Douentza, regrette que certains commerçants profitent de l’occasion pour faire monter les prix des produits. Les commerçants se défendent et arguent que la hausse des prix est liée aux conditions d’approvisionnement, la route étant toujours fermée après la reprise Konna et Douentza par les forces armées.  Par exemple, le paquet de cigarette de la marque « Dunhill » est vendu aujourd’hui dans les boutiques à 1500 Fcfa.  Certains fumeurs qui avaient été privés de cigarette par les islamistes n’hésitent pas à allumer deux « mèches » à la fois.   A Hombori et Gossi, les populations ont offert des bœufs aux forces armées pour leur courage et leur engagement. D’ailleurs tout le long de la route vers Gao, les populations dont beaucoup de femmes et de filles  sont sorties massivement pour acclamer les militaires. Les foules  scandaient des slogans comme « Vive le Mali ! Vive  l’Armée ! Vive la France » ; « Un Peuple-un but-une foi » ; « Le Mali jusqu’à la mort ».   Dans la ville de Gao désormais libérée, les forces maliennes et alliées poursuivaient les opérations de ratissage. Au niveau du pont de Wabaria, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé. Là, les islamistes qui entendaient tendre une embuscade à nos forces ont subi la foudre de l’aviation française. L’on peut apercevoir des véhicules entièrement calcinés par les bombes françaises. Des cadavres d’islamistes étaient visibles dans la zone.   Après un premier ratissage dans la ville, le chef des opérations des forces armées maliennes, le colonel Didier Dackouo et le maire de la commune urbaine de Gao, Sadou Harouna Diallo pouvaient entrer dans la ville qui était sous le contrôle des  bandits armés depuis le 30 mars 2012.   Les populations ont été surprises de voir à la tête du convoi leur maire et Didier Dackouo circuler en ville, les bras levés en signe de victoire. Mais avant de descendre en ville et parcourir sept kilomètres, les deux hommes ont donné leurs premières impressions à l’équipe restreinte de presse (L’Essor, l’Ortm, les radios Klédu et Djekafo ; Chanel 4, CNN, France2, France24). « Je confirme que la ville de Gao est libérée et remercie la France et les pays amis du Mali d’avoir diligenté la reconquête plutôt que prévue », a lancé le maire. Le colonel-major Didier Dackouo a de son côté confié qu’il était «  arrivé à Gao avec le sentiment du devoir accompli ». « Il n’y a pas eu de combat proprement dit à Gao. L’appui des troupes françaises, tchadiennes nigériennes nous a beaucoup aidé », a ajouté l’officier supérieur.   Après ces différentes déclarations qui ont été faites au carrefour dit Gao-Ansongo-Aéroport, sous les ovations de la population, le maire de la Cité des Askia pouvait circuler en ville, les bras levés en signe de victoire. La ville de Gao était la capitale régionale la plus grande et la plus peuplée occupée par les islamistes armés.   Ici aussi, la libération a été accueillie  dans une atmosphère de joie proche du délire. A moto ou à pieds, les habitants sont sortis pour  manifester leur joie. Ils étaient des milliers (hommes, femmes, jeunes), à « escorter » le convoi militaire à travers la ville. Certains brandissaient des drapeaux maliens et ceux des autres pays dont les militaires ont pris part à la libération de la ville. « Merci le Mali, merci la France, Merci le Tchad, merci le Niger », clamait la foule.   C’est sur la « Place château » que le maire a officiellement proclamé la libération de la ville sous les cris de joie. Pour afficher leur liberté retrouvée, certains jeunes se promenaient avec des paquets de cigarettes tandis qu’on voyait très peu de filles ou de femmes voilée dans la masse. « Maintenant nous pouvons respirer à pleins poumons après l’arrivées des militaires. On était  les otages des islamistes. Nous sommes maintenant libres comme le vent », s’est exclamée une ménagère tandis  qu’un homme d’âge très avancé s’acharnait sur un tam-tam pour souhaiter la bienvenue aux libérateurs.

 

Source : Mali Jet