WASHINGTON – La diplomatie américaine s’est alarmée mardi d’une situation de pré-génocide en République centrafricaine (RCA), à mesure que le pays s’enfonce dans les violences inter-communautaires, notamment entre chrétiens et musulmans.

Lors d’une audition devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, un cadre du département d’Etat a par ailleurs confirmé que les Etats-Unis disposaient de conseillers militaires en RCA dans le cadre de la traque régionale du chef rebelle ougandais Joseph Kony recherché par la justice internationale.

Interrogé par cette commission du Congrès sur des risques de génocide en Centrafrique, le directeur du bureau Afrique du département d’Etat, Robert Jackson, a parlé d’une situation pré-génocidaire.

Le 1er novembre, un responsable de l’ONU chargé de la prévention des génocides, Adama Dieng, avait prévenu que la RCA pourrait devenir le théâtre d’un génocide, à l’heure où les violences inter-communautaires risquent de prendre un tour religieux entre chrétiens et musulmans.

M. Jackson a également souligné que les Etats-Unis privilégiaient le renforcement de la Misca (Mission internationale de soutien en Centrafrique), une force militaire mise en place par l’Union africaine mais qui peine à tenir son rôle, par manque de moyens.

A l’heure actuelle, nous ne soutenons pas la création d’une mission de maintien de la paix de l’ONU, dont la mise sur pied prendrait des mois, et nous pensons que la Misca est le meilleur mécanisme pour lutter contre la violence en cours en RCA, a affirmé M. Jackson.

Au contraire, Philippe Bolopion, de Human Rights Watch, a plaidé devant le Congrès pour que la Misca soit renforcée en urgence par une mission de l’ONU de maintien de la paix, avec l’appui des Etats-Unis.

La Centrafrique continue de s’enfoncer dans le chaos, au rythme des violences quotidiennes dans les provinces reculées comme à Bangui, ce qui a poussé lundi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à demander l’envoi de 6.000 Casques bleus dans le cadre d’une éventuelle opération de maintien de la paix.

Le pays vit au rythme d’affrontements entre chrétiens et musulmans, entre groupes d’auto-défense et ex-rebelles de la Séléka (au pouvoir depuis mars après avoir renversé le président François Bozizé), auxquels s’ajoute une forte poussée du banditisme à Bangui.

En outre, le diplomate Jackson a confirmé que les Etats-Unis avaient des troupes en RCA agissant comme des conseillers dont la seule mission est de combattre l’Armée de résistance du seigneur, la LRA de Joseph Kony.

Ces conseillers travaillent avec les soldats ougandais — épaulés depuis fin 2011 par une centaine de forces spéciales américaines — qui cherchent le chef rebelle ougandais caché aux confins de la RCA, du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo. Le dirigeant de la LRA est inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Washington offre cinq millions de dollars pour son éventuelle arrestation.

(©AFP / 19 novembre 2013 21h49)