EDUCATION – Pour redonner de l’espoir aux milliers d’élèves qui tournent les pouces à la maison depuis la fermeture des portes des classes pour des mesures de sécurité, le Ministère de l’Education Nationale et de la promotion civique du Tchad a eu recours à l’enseignement à distance qui apparaît à ses yeux comme étant la réponse la plus adéquate en vue d’ aider les apprenants à passer les examens de fin d’année qui se profilent à l’horizon.
Depuis l’annonce du premier cas du coronavirus, toutes les activités tournent au ralenti dans le pays. Les établissements scolaires et universitaires ne sont pas épargnés. Pour éviter toute contamination et propagation de cette pandémie invisible, sournoise et méchante, les pouvoirs publics ont pris le problème à bras le corps et ont décidé de fermer les écoles et universités sur l’ensemble du territoire national. Alors que les élèves amorçaient le dernier virage c’est-à-dire le dernier trimestre de l’année scolaire 2019-2020 en attendant d’aborder les différents examens et concours de fin d’année. Cette interruption brutale a crée un certain émoi sinon une angoisse terrible chez les milliers d’élèves et étudiants. Ces derniers ne cessent de s’interroger sur leur avenir. C’est ainsi que le Ministère de l’Education Nationale et de la promotion civique avec le concours de ses partenaires a décidé malgré les moyens du bord dont il dispose d’organiser des enseignements à distance afin de permettre aux élèves des classes d’examen de se préparer pour affronter le brevet d’étude Fondamental (BEF) et le Baccalauréat de l’enseignement du second degré.
Une solution non égalitaire
Cette initiative qui est d’offrir des possibilités de formation aux élèves car elle permet de combler le déficit constaté depuis la fermeture des établissements d’enseignement dans le pays. Mais, pour beaucoup de parents d’élèves et d’enseignants, cela ne favorise pas tous les élèves. Ces enseignements à distance favorisent une infime minorité d’apprenants qui sont dans les centres urbains et surtout les progénitures des plus nantis entend–on un peu partout. D’autres élèves qui sont dans les zones rurales qui ne disposent pas des postes de téléviseurs et de radios ne peuvent pas suivre ce cours à distance que certains pays Africains ont trouvé comme une solution palliative pendant cette période difficile de COVID 19.
Les élèves du milieu rural seront les plus pénalisés susurrent certains parents. Il faut ajouter à cela d’autres aléas qui ne peuvent pas permettre à certains apprenants, dans certaines zones reculées du pays de ne pas suivre ces enseignements, c’est la baisse du régime d’écoute de la Radio Nationale Tchadienne (RNT). Le fait que la RNT n’atteigne pas toute l’étendue du territoire national constitue un handicap sérieux pour les élèves de suivre ces différents cours qui sont dispensés par des enseignants expérimentés rompus à la tâche, triés sur le volet par le Ministère de l’Education Nationale et de la Promotion civique pour ce travail.
La HAMA à la rescousse
Il faut rappeler que la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) a été sollicitée par le Ministère de l’Education Nationale et de la Promotion Civique pour la réussite de cette formation à distance. L’organe de régulation a multiplié plusieurs rencontres avec les responsables des radios publiques et privées en vue d’adopter une stratégie commune pouvant leur permettre de diffuser les cours dans les différentes disciplines qui seront dispensés par les enseignants aux apprenants. Ces derniers avaient fait des suggestions à la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) afin de mieux véhiculer ces enseignements à l’intention des élèves. Cette démarche a été très appréciée par la Fédération Nationale des Associations des parents d’élèves du Tchad (FENAPET). Pour cette organisation faîtière, il faut faire en sorte que tous les élèves en bénéficient. Il faut éviter de faire des mécontents. Elle souhaite enfin être étroitement associée au suivi et à l’évaluation de ces enseignements à distance.
Un vieux routier du système éducatif tchadien nous a confié que la Radio Scolaire a été créée dans le cadre de la formation à distance. On aurait dû doter cet outil de moyens adéquats pour assurer ce travail mais hélas, le Ministère de l’Education nationale n’a jamais affecté des ressources financières et matérielles à cette radio scolaire bien que logée à la Direction de la formation et de l’action pédagogique des enseignants. Un autre pédagogue chevronné du système éducatif lui a emboîté le pas pour regretter que le Ministère de l’Education Nationale ne prenne pas au sérieux la mission assignée à la Radio Scolaire qui a été l’œuvre de l’UNESCO. C’est dans le cadre de la coopération qui existe entre le Gouvernement Tchadien et cette institution spécialisée des Nations-Unie que le Ministère de l’Education Nationale a porté sur les fonts baptismaux cette structure qui doit aider sur le plan pédagogique les enseignants et élèves à mieux appréhender la manière de préparer les fiches pédagogiques de certaines disciplines d’enseignement. Quant aux élèves à travers cette radio, ils peuvent mieux comprendre les leçons d’éducation civique et de la morale, la diffusion des pièces de théâtres radiophoniques, des cours particuliers et d’autres émissions éducatives.
Des pour et des contre
En tout cas, l’appréciation de cette formation est mitigée dans le milieu enseignant. Pour les uns, à la fin de cette pandémie de coronavirus, il faut que les élèves reprennent normalement les cours pendant deux ou trois mois avant d’organiser les examens comme cela s’est passé pendant la guerre de 1979 où les cours ont été organisés pendant la saison des pluies à l’intention des élevés des classes de terminale et de la troisième. Cela peut profiter à tout le monde. Même si dans certaines contrées de notre pays, tous les établissements ne sont pas logés dans la même enseigne. D’autres ont estimé que la diffusion des cours par la radio est l’option la plus meilleur et la plus rapide à utiliser pour permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité.
En somme, les radios publiques, privées et communautaires demeurent les meilleurs outils qui peuvent potentiellement être utilisées pour continuer à enseigner les élèves qui se retrouvent aujourd’hui déscolarisé du fait de la pandémie du coronavirus.