Lors de son séjour du 30 juin au 1er juillet au Burundi, le président Mahamat Idriss Deby, a été couvert d’honneur par les autorités burundaises. Un communiqué conjoint rapproche en des termes clairs les deux pays. Comment expliquer ce rapprochement ? Eléments de réponse avec Pr Ahmat Mahamat Hassan, analyste politique.

Sur invitation de son homologue burundais, Mahamat Idriss Deby Itno, a pris part aux festivités marquant le 62e anniversaire du Burundi. En marge de cette cérémonie, le président tchadien a visité une ferme et un site inscrit sur le patrimoine mondial de l’UNESCO. Sur les images publiées par les services de communication de la présidence, l’on peut voir un Mahamat Idriss Deby souriant et admiratif des lieux visités.

Au terme de son séjour, un communiqué de 5 pages signé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays énumère quelques domaines de coopération tels que la sécurité, l’agriculture et les technologies. Un rapprochement qui interroge.

Ahmat Mahamat Hassan, analyste politique, observe un positionnement du Tchad. « Le Tchad développe ses relations diplomatiques avec plusieurs pays comme la Russie, la République démocratique du Congo (RDC), le Qatar ou traditionnellement avec la France. Le pays diversifie donc ses relations de coopération internationale. Maintenant avec le Burundi, c’est un problème de positionnement. C’est important d’être l’ami de son ami. Notons la proximité du Burundi (troupes burundaises en RDC, NDLR) avec la RDC. Le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles en RDC. Le Tchad se positionne en Afrique centrale », explique-t-il.

D’une même voix, les deux pays ont appelé à une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Une réclamation qui aura une portée symbolique, selon Ahmat Mahamat Hassan. « La question de réforme du Conseil de sécurité des Nations unies a été posée par les pays du tiers monde et notamment l’Afrique il y a 40 ans. L’Afrique ne pèse pas lourd ni politiquement, ni économiquement, encore moins militairement. C’est ce dernier temps que les pays comme le Tchad émergent un peu dans la lutte contre le terrorisme et l’islamisme violent dans le Sahel. C’est très difficile que cet appel soit entendu. C’est une question de positionnement et de la géopolitique internationale. La donne est très complexe avec la montée du terrorisme et la crise économique mondiale », analyse-t-il.