En Afrique occidentale et centrale, près de 7 millions de personnes ont été victimes de catastrophes d’inondations au cours de l’année 2024, marquant une année tragique pour de nombreuses communautés touchées. Ces inondations, qui ont causé des destructions massives tant au niveau des habitations que des récoltes, sont les plus fréquentes que le continent ait connues, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alerte sur les conséquences du changement climatique, qui exacerbent la fréquence et l’intensité de ces événements météorologiques extrêmes. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les régions les plus touchées comprennent des pays déjà fragilisés par des conflits et des crises économiques, rendant la situation encore plus critique. L’Afrique reste très vulnérable au changement climatique, bien qu’elle ne contribue qu’à hauteur de 4 % environ aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale publié en février 2023. L’année 2024 s’annonce comme la plus chaude dans le monde, après une année 2023 qui avait déjà marqué un record. « Cette année a été particulière en termes de quantité de pluies. Nous avons eu beaucoup d’événements extrêmes, ce qui est une des manifestations du changement climatique », explique Aïda Diongue-Niang, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Au Sahel, les précipitations ont été « inédites » par leur volume, leur intensité et leur durée, note Amadou Diakité, chef du service observations et prévisions météorologiques à Mali Météo. Au Niger, certaines régions ont enregistré « jusqu’à 200 % » d’excédent de pluies par rapport aux précédentes années, selon les Services de la météorologie nationale, et les eaux ont mis en péril le centre-ville historique d’Agadez, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, situé dans le Nord désertique. Au Tchad, les pluies diluviennes ont fait depuis juillet au moins 576 morts et 1,9 million de sinistrés, soit 10,2 % de la population du pays, selon un bilan publié par OCHA. Au Cameroun, « les pluies torrentielles ont détruit plus de 56 000 maisons, inondé des dizaines de milliers d’hectares de cultures et causé la perte de milliers d’animaux », selon OCHA.

Les villes de Monrovia, au Liberia, et Conakry, en Guinée, ont vu des flots boueux envahir les rues, faisant remonter à la surface l’idée de déménager la capitale libérienne. Des quartiers entiers de Bamako, au Mali, se sont retrouvés sous des eaux drainant les déchets et le contenu des fosses septiques. Le poids des eaux a provoqué, en août, l’effondrement d’un toit du séculaire tombeau des Askia, dans la région de Gao. Dans plusieurs pays, la rentrée des classes a été reportée.

« On avait avant un cycle d’inondations décennal, qui est maintenant devenu un cycle annuel », synthétise Clair Barnes, chercheuse au Centre des politiques environnementales de l’Imperial Collège de Londres. « Nous devons nous préparer à davantage d’inondations. Et cela ne fera qu’empirer si nous continuons à brûler des combustibles fossiles », craint-elle.