Au Tchad, on constate avec regret que les clips tournés par les artistes musiciens ne sont pas diffusés sur les chaînes internationales de télévision spécialisées en musique. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? Est-il question du syndrome de la page blanche, panne d’inspiration, manque de créativité et d’imagination ou une mauvaise politique de production artistique ?

Les grandes chaînes de télévision spécialisées en musique telles que Trace TV, BBlack, Mtv, etc. suivies par de milliers de Tchadiens ne diffusent pas ou diffusent très peu les clips des artistes musiciens du pays de Toumaï. Et pourtant, c’est à travers aussi ces chaînes de télévision suivies partout en Afrique que l’on peut découvrir et reconnaître les talents des artistes musiciens d’un pays.

D’une seule voix, les animateurs, managers et artistes musiciens défendent qu’il est plutôt question de moyens financiers et non un problème du syndrome de la plage blanche, de la panne d’inspiration ou du manque de créativité de nos artistes. Aussi, accusent-ils au passage le manque total et la mauvaise politique culturelle du gouvernement tchadien. « Il y a quelques années, nous accusons directement les artistes d’être peu créatifs, de manquer d’inspiration ou de créativité. Mais je peux vous rassurer aujourd’hui que les Ivoiriens, Camerounais, Togolais, etc. dont les clips vidéos passent en boucle sur Trace Africa, Bblack, Mtv ne sont pas meilleurs que les artistes tchadiens. Ils ont le privilège d’avoir des managers et des producteurs qui font du bon travail », défend Kandenodj Njetein, entrepreneur et manager dans les secteurs de la musique.

Et de poursuivre que le Tchad ne dispose pas des studios adéquats pour réaliser les clips à la hauteur de la qualité demandée par ces chaînes de télévision pour diffusion. « S’il existe même des réalisateurs, le prix de la réalisation d’un clip vidéo est tellement élevé qu’il est difficile pour un artiste ne disposant pas de sponsors malgré qu’il y a les grandes compagnies au Tchad, de réaliser quoi que ce soit », analyse Kandenodji Njetein. Et l’artiste musicien Daï’son Tchadna de conclure qu’il y a manque de maison de distribution au Tchad donc ces chaînes ne peuvent recevoir les clips des musiciens tchadiens pour la diffusion. « Même localement, nos clips ne sont pas assez diffusés alors combien de fois à l’international, étant donné que ces chaînes reçoivent des milliers de clips par jour », fait-il comprendre.

La mauvaise politique culturelle des autorités pointées du doigt

La diffusion des clips dans certains médias, informe Kandenodji Njetein, nécessite un certain nombre de dispositions. « Il faut du relationnel, de la promotion adéquate, surtout avoir un bon manager et un bon producteur car la musique est un show-biz que quand il n’y a rien derrière, personne ne s’y intéresse », clarifie-t-il. Selon lui, il n’y a pas de la magie pour passer sur une chaîne de télévision. Pour passer sur une chaîne de musique comme Trace Tv, Trace Africa ou Bblack, il faut absolument payer pour espérer voir son clip. « Vous voyez que ce sont deux artistes tchadiens qu’on voit souvent sur les chaînes. Si ce n’est pas Afrotronix, c’est Mawndoé. Parce qu’ils ont un bon management et une bonne production », ajoute-t-il. Il fustige au passage le manque d’intérêt qu’accordent les autorités à ce secteur très prometteur et qui fait entrer beaucoup d’argent dans certains pays.

A N’Djaména, bien que l’on assiste ces dernières années à une éclosion des managers et des promoteurs culturels, ces derniers ignorent totalement de donner de l’impulsion à la chose artistique. « L’on assiste qu’à des soirées dansantes dans les bars et les artistes, eux aussi, en manque de moyens financiers, viennent jouer afin de trouver quoi boire la bière demain avec leurs copines », regrette un mélomane.