Pour certains dix ans, d’autres cinq ans après avoir terminé leur formation, plusieurs lauréats tchadiens de l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) de Niamey ont enfin reçu ce vendredi leurs diplômes au cours d’une cérémonie officielle à l’Office national des médias audiovisuels (ONAMA), à N’Djamena.
Présidée par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Gassim Chérif Mahamat, la remise des diplômes concernait les promotions 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018, aussi bien en cycles Licence qu’en Master. Elle intervient après des années d’attente marquées par un blocage administratif dû au non-paiement par l’État tchadien des frais de scolarité des étudiants boursiers à l’IFTIC, devenue récemment École Supérieure des Sciences de la Communication et des Médias (ESSCOM).

Photo de famille avec les lauréats tchadiens de l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) de Niamey
Selon une source proche du dossier, l’ardoise laissée par le Tchad s’élèverait à environ 60 millions de francs CFA. “Une somme dérisoire à l’échelle d’un État, mais dont les conséquences ont été tragiques pour ces diplômés privés de tout avenir professionnel, parfois depuis près d’une décennie“, commente un ancien étudiant resté au chômage faute de justificatif de diplôme.
C’est à la faveur d’une mission officielle la semaine dernière au Niger que le ministre Gassim Chérif Mahamat a été alerté de cette situation lors d’une visite à l’ESSCOM. Après un plaidoyer jugé convaincant, les responsables de l’établissement nigérien ont accepté de libérer une première série de diplômes “sur la base de la parole donnée“, sans qu’un seul franc n’ait encore été versé.

Gassim Chérif Mahamat
Cette initiative met en lumière la précarité et le manque de sérieux dont fait preuve les autorités en charge, tout en soulignant l’aberration d’un système où un simple impayé prive des dizaines de jeunes de toute possibilité de carrière, quand un véhicule de type V8 prisé par nos officiels coûte à lui seul l’équivalent du montant dû.
La cérémonie, à laquelle ont pris part l’ambassadeur du Niger au Tchad, Dan Sokoto, le ministre d’État Aziz Mahamat Saleh, ainsi que plusieurs personnalités politiques et les familles des lauréats, a vu la remise symbolique de 10 diplômes sur les 52 concernés. Les autorités tchadiennes ont promis de régulariser définitivement la situation. Reste à espérer que la parole donnée sera suivie d’effet.