Warou Abadji Alifa, natif de la région du Kanem et enseignant-chercheur, a mis en place une ferme à Mao pour élever les poissons. Il est promoteur du projet “piscicole dans le désert”.

Tout a commencé par l’installation de deux étangs (de 5m³ chacun) dans les ouaddis à la sortie ouest de la ville de Mao. Pour une première expérience, l’enseignant-chercheur Warou Abadji Alifa a commandé 2.000 alevins de types Tilapia (carpes) mono-sexe de 5g le 19 décembre 2021 à Yaoundé au Cameroun. Aujourd’hui,  « les poissons se nourrissent bien, ils se sont adaptés et en fin août la première récolte va débuter ».

« Là on est en train de les suivre pour leur grossissement. On change l’eau chaque jour, on surveille l’oxygène et la température de l’eau. Après 6 mois, on va recueillir et voir ceux qui sont plus gros et laisser les plus petits. On va les acheminer alors vers le grand marché pour la vente et la consommation », détaille-t-il les différentes étapes.

« Tout est au Cameroun », souligne Warou Abadji Alifa, les produits et même les poissons sont achetés au Cameroun. « Je commande les produits en ligne. Cela arrive jusqu’à Kousseri et on m’amène ces produits à N’Djamena puis on m’achemine ici à Mao. Le sac de 15kg de nourriture pour ces poisons coûte 25 000 FCFA à Yaoundé au Cameroun. Lorsque cela arrive jusqu’à Mao, je dépense presque 30 000 FCFA pour un sac. Les 15kg de nourriture peuvent aller jusqu’à trois semaines », retrace-t-il.

Normalement si les poissons mangent bien et s’il n’y a pas de problème, en 8 mois, ces poissons vont être consommables. « Pour la carpe, cela va aller à 8 mois parce qu’il y a beaucoup de conditionnement et plusieurs paramètres à respecter. Par contre les silures, en 3 mois, ils grandissent et on les amène déjà au marché », ajoute-t-il.

Parlant des difficultés, Warou relève qu’il manque d’énergie pour vidanger l’eau et irriguer les cultures maraîchères qui se trouvent à la ferme piscicole. « Difficile de trouver les aliments localement et difficile d’avoir les matériels piscicoles, pièces de rechange et tuyaux pour l’oxygène. Très difficile de vidanger et remplir 50 fûts par jour avec la motopompe (consommation d’essence). En plus, l’alimentation coûte extrêmement cher. Les poissons consomment en moyenne 5kg d’aliments flottants par semaine“.

Cette activité, dit-il, est une contribution de sa part pour répondre au besoin alimentaire et à l’autosuffisance alimentaire. Il emploie 3 jeunes pisciculteurs formés par Youlia Fish International basé à Yaoundé. Ils sont bien encadrés, ils s’occupent des vidanges,  de l’alimentation et de l’appareil de l’oxygène.

En perspectives, il compte fabriquer l’aliment sur place pour réduire le coût de transport afin de réduire la charge puis expérimenter avec 1.500 silures d’ici fin juillet.

Pour rappel, Warou Abadji Alifa a créé la ferme AgroTIC Fish Consulting. Il est par ailleurs secrétaire général de l’Institut national supérieur de pétrole de Mao.