La Journée internationale de la femme africaine est célébrée ce samedi, 31 juillet. A cette occasion, Tchadinfos vous dresse le portrait croisé de deux jeunes filles tchadiennes engagées dans la lutte contre les violences basées sur le genre.  

21 juin 2021. L’horloge indique 9h 10 minutes. En cette matinée, des pancartes sont rangées çà et là devant le palais de justice de N’Djamena. La marche initiée par le consortium des associations féminines contre les violences faites aux femmes est lancée.

Elle réunit une centaine de femmes et filles. Ce jour, elles ont pris d’assaut le lieu pour exprimer pour la première fois et librement, leur ras-le-bol face aux récurrentes formes de violences qu’elles subissent. Elles entonnent à l’unisson l’hymne national. « Ta liberté naitra de ton courage, lève les yeux l’avenir est à toi », lancent-elles, mines graves. La manifestation est encadrée par les forces de l’ordre, composée essentiellement des femmes.

Dans cette euphonie, deux voix se distinguent. La première, est celle de Marie Mornondé. La vingtaine est en première ligne. Mégaphone en main, elle harangue la foule. Habillée d’une tenue noire, tête couverte de bonnet, elle dénonce les comportements de certains hommes vis-à-vis des femmes. La marche devient ambiante. Marie et ses camarades de lutte longent la grande voie qui mène au palais du 15 janvier et scandent des phrases comme: ”justice pour les femmes violées’’, ’’non c’est non’’.

C’est depuis environ cinq ans qu’elle s’est engagée dans l’ombre à combattre les violences à l’égard des femmes. Marie côtoie des ainées qui s’y sont lancées, mais sans succès.

Des années plus tard, après ses études supérieures en Afrique du Sud, la jeune fille de 24 ans trouve étrange que la société tchadienne baigne encore dans cette injustice. ”J’ai trouvé cela ridicule”’, s’insurge-t-elle. Les récents cas de violences sur les femmes ont créé en elle un électrochoc . ”Cela a été perçu comme de l’indignation et de la colère par la jeunesse entrepreneuse. Un autre cas le lendemain, et encore”. Elle décide alors d’adhérer à une association féminine pour défendre la cause des femmes. Car, pour elle, les droits des femmes à jouir de leur corps et de leur personne devraient être la base. Elle porte son choix sur la Ligue tchadienne des droits des femmes (LTDF) .

Dès lors, Marie Mornondé dépose par moment sa casquette de consultante en accompagnement des entreprises pour montrer son engagement à lutter contre les agressions sexuelles, les remarques sexistes, et autres formes de violences contre les femmes. Un combat que la jeune femme compte mener aussi longtemps que possible.

La seconde voix est celle de Sikata N’guemta Patricia. Au teint clair, la jeune fille est de taille moyenne. Elle a troqué sa tenue de mannequin pour regagner la rue ce jour. Foulard de tête noir, et un bout de tissu attaché au bras droit, elle adresse un message aux violeurs. ’’Oncle ne me viole pas s’il te plait’’.

Une occasion que la jeune amatrice du septième art attend depuis une dizaine d’années. Car, elle a été depuis l’âge de 5 ans dans une famille adoptive où elle a traversé des moments difficiles.’’Déjà je suis très rebelle non seulement à la cause de la femme mais je ne peux rester juste muette face à une injustice que ce soit à l’endroit d’un enfant, d’une femme ou d’un homme’’. Son message à l’égard des autorités est limpide. ”Arrêter de parler, divaguer. Appliquez les lois véritablement pour qu’on puisse sentir qu’au Tchad, il y a les droits des femmes et qu’elles soient respectées surtout’‘.

Aujourd’hui, l’étudiante en deuxième année de communication des entreprises choisit le cinéma pour continuer la lutte. ”J’aimerais à la longue utiliser ce canal pour faire passer les informations”, projette-t-elle.