PORTRAIT-La kinésithérapie est l’une des disciplines sanitaires la moins pratiquée par les filles au Tchad. Pourtant utile. Djona Yamtebaye Olina est l’une des filles qui a embrassé le métier par amour. Découvrez son parcours.

Issue d’une famille de six enfants toutes de sexe féminin, Djona Yamtebaye Olina n’était a priori pas prédisposée à devenir kinésithérapeute. Étant enfant, elle rêve de rester devant les caméras et donner les informations en exclusivité à la télévision. Une idée qui n’a pas été partagée par son père. Elle s’oriente donc en communication des entreprises option marketing dans une université de la Capitale N’Djamena.

Aujourd’hui, par amour pour son défunt père, la bachelière de l’époque caresse d’autres ambitions. “Étant enfant, je n’avais jamais entendu parler de la kinésithérapie. Quand mon papa était malade hospitalisé en France, de son retour on nous parlait de la rééducation. Je me disais c’est quoi la rééducation ? Alors il partait à un centre de kinésithérapie à Amtoukouin et c’est moi qui l’accompagnait. J’assistais aux séances, et quand on rentrait j’essayais de reproduire ce que j’ai vu. À partir de là, l’idée de faire la kinésithérapie m’est venue en tête”, fait-elle savoir.

Dans l’espoir de soigner son père, en 2014 l’avant dernière fille de la famille s’envole au Cameroun pour apprendre le métier. Malheureusement elle n’a pas pu soigner son père car “il était mort quand j’étais en première année”.  Aujourd’hui, elle passe tout son temps dans les murs de la salle de soin où de gym. “On fait, en plus de la rééducation, la réadaptation des patients, l’endurance également. Parce que la kinésithérapie, c’est beaucoup plus du sport aussi”, indique-t-elle.

La plus difficile de souci que la célibataire rencontre dans le métier est la résistance des patients. “Certains patients sont difficiles à traiter. Surtout les touches (sourire) ils sont insupportables”.

Au-delà de ses prestations, l’ancienne élève du lycée Hérédité enseigne l’aperçu de la kinésithérapie dans deux instituts de la place. Elle est aussi PDG du centre de kinésithérapie”Maël” de N’Djamena. “Au Tchad, la kinésithérapie est limitée. Je pense qu’il faut beaucoup communiquer sur le métier pour faire comprendre aux gens ce que c’est que la kinésithérapie. Beaucoup de gens font le massage mais se disent kinésithérapeute”, relève-t-elle. Elle songe ouvrir son centre de kiné pour former davantage les jeunes et apporter sa touche particulière à ce domaine moins pratiqué par les filles au Tchad. “Je crois qu’il y a plusieurs pathologies qui nécessitent la kinésithérapie. Même le stress, la kinésithérapie est appelée a intervenir”, fait-elle savoir.

Au Tchad, on remarque moins de filles dans la pratique de kiné. Un fait que la jeune kinésithérapeute de 27 ans lie à la peur. “On a peur de faire la kinésithérapie parce qu’on croit qu’on sera violé. Mais je pense qu’ici la kinésithérapie c’est de l’argent. Si seulement beaucoup comprennent moi je pense que j’allais être déjà millionnaire”.

Cursus scolaire

Djona Yamtebaye Olina , a débuté sa première classe (CP1) à l’école avenir de N’Djaména. Elle obtient son CEPET et rejoint le lycée adventiste jusqu’à l’obtention de BEPEC/T. C’est au lycée Hérédité de Chagoua qu’elle obtient le diplôme de baccalauréat.

En dehors du travail, Djona Yamtebaye Olina rédige des poèmes comme loisir préféré. ”J’ai un cahier depuis la classe de 4ème où je rédigeais des poèmes, et je continue toujours à le faire”.