C’est dans un milieu majoritairement dominé par des hommes que Remadji Tolkoye, s’est faite une place. Toute première régisseuse de prison au Tchad, la quadragénaire, a su se faire respecter par sa carrure et le travail bien fait. Portrait.

Assumer une fonction n’est pas une question de genre. Surtout lorsqu’on a les capacités adaptées au profil requis. Remadji Tolkoye, régisseuse 2e adjointe à la Maison d’arrêt et de correction de Klessoum, est un exemple édifiant.

Seule femme dans son lieu de service et ”maman” de tout le monde, Remadji a su rediriger sa trajectoire et a dès le départ saisi sa chance. Malgré sa licence en action commerciale en poche, elle n’a pas attendu une offre correspondant à son profil pour se mettre en exergue. C’est à la suite d’une annonce de concours qu’elle a par la suite obtenu, puis une formation de deux ans à l’Ecole nationale de formation judiciaire (ENFJ), que son chemin se trace dans ce domaine. Elle fait désormais ce que les hommes peuvent faire, dit-elle.

Au tout début, vivre avec les personnes dans la Maison d’arrêt et de correction n’a pas été facile. Mais avec le temps, raconte-t-elle, elle donne le mieux d’elle pour arracher le respect et l’affection de ces détenus. Avec sa hiérarchie, ”elle sait comment mettre l’ambiance pour garder de bonne relation avec ces derniers”. Nonobstant ses occupations, elle dit toujours avoir le temps pour sa famille et son mari qui, reconnaît-elle, n’a cessé de la soutenir dans son parcours estudiantin et sa carrière.” Mon travail ne joue pas sur l’éducation de mes enfants et ma vie de couple. Tout roule sur des roulettes car mon mari m’épaule à chaque fois quand je me sents confuse. Des fois, je travaille plus à des heures tardives”. Mais “maman” ne se plaint jamais pour rentrer, confie la mère de 4 enfants.

Remadji Tolkoye encourage ses concitoyennes à suivre ses pas. ” Si d’autres filles veulent être comme moi dans ce corps qu’elles soient les bienvenues. Nous avons été formés pour être dans ce corps donc ce n’est pas de la magie. On peut gérer le pays à travers les Maisons d’arrêt, les établissements scolaires, les centres de santé etc.’‘, conseille-t-elle.