Votre rubrique « A la découverte de … » vous présente ce dimanche, 19 juin 2022, le musicien Ngueïta Allasko Alfred dit N2A.

Il fait partie des noms et visages d’artistes bien connus du public tchadien. N2A, de son nom d’état civil Ngueïta Allasko Alfred a su se frayer son chemin dans la sphère musicale tchadienne.

« Accident de la jeunesse de ses parents », comme il le dit lui-même, l’unique fils de ses parents (qui se sont remariés chacun de son côté), s’intéresse dès bas âge à l’art et précisément à la danse. A 11 ans, il intègre le groupe de danse traditionnelle Ngama, Kobé.  Ayant aussi la chance d’habiter à Chagoua où est implanté Don Bosco, il a commencé à fréquenter ce centre des jeunes et s’intéresse à la musique Hip Hop.

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En suivant les spectacles des aînés au centre Don Bosco, celui qui est né en mars 1990, s’est mis à griffonner et a pu obtenir de passer sur le plateau du centre Don Bosco à l’occasion de la fête de la musique en 2004. Mais ce fut un quasi échec car, tout petit et nouveau, celui qui s’appelait entretemps Nasta, était programmé très tard et pratiquement tout le monde était rentré.

Mais sans se décourager, il se remet au travail. Deux ans plus tard, il revient en force sur la scène du centre Don Bosco, toujours à l’occasion de la fête de la musique.  Après sa prestation, un autre artiste l’approche. Ensemble, ils fondent le groupe Yaaga. Un groupe qui n’a pas fait long feu. Il intègre ensuite le groupe SDF.

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Se disant qu’il n’a pas beaucoup de chance avec les groupes, celui qui est devenu N2A en 2006 (les initiales de son nom), se lance dans une carrière solo. Sur le plan des études, il rate le baccalauréat à la première tentative. En 2008, sa mère qui tenait absolument à ce qu’il décroche cet examen lui donne 80.000FCFA pour se réinscrire. Mais, happé par le virus de la musique, il utilise cet argent pour se rendre au Nigeria afin d’enregistrer son premier single « Crie haut ».

Ngueïta Allasko Alfred rentre en 2009. Son single s’impose petit à petit et sa carrière se poursuit. En 2010, il enregistre le titre « Anti-tristesse ».  Il continue à donner des spectacles, notamment au centre Don Bosco et à la Maison de quartier de Chagoua.

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En 2012, N2A fait un featuring (collaboration) avec Ngass David dans le titre « Filles branchées ». « Un succès énorme », se félicite-t-il qui lui a permis de gagner le prix du festival N’Djam Vi en 2012 dans la catégorie « Hip Hop » et le prix de l’artiste de l’année, décerné par le réseau des journalistes et animateurs culturels.  N2A a été également plusieurs fois finaliste du festival N’Djam Hip Hop.

Le featuring avec Ngass David marque le départ du style de N2A qui a décidé de laisser tomber les rythmes d’ailleurs pour revenir au local. Son premier album, « Fils d’ici » est produit en 2013. C’est de cet album, confie-t-il, qu’est né le concept « arabe de Bongor » (arabe local tchadien).

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Le trentenaire affirme que de cet album, le titre en arabe local « Kalam fi da, inti orou wang bass » est le plus aimé. Il s’est demandé pourquoi ne pas faire de cela un concept. Parce que, explique-t-il, l’arabe local est accessible à tous.

En 2017, N2A enregistre son célèbre maxi single « Populasson gay korr, akouma basma korr ». Un titre à succès mais qui lui a aussi créé des ennuis. En effet, il est arrêté en fin 2018 à la veille d’un concert et gardé à vue pendant deux jours avant d’être relâché par le procureur. Il lui est reproché d’inciter la population à la haine avec cette chanson mais également avec ses fameux t-shirts jaunes sur lesquels il a fait inscrire le titre de sa chanson. Un épisode qui, avoue-t-il, l’a renforcé dans son engagement artistique. « Je suis le président de la population donc chaque fois que la population crie, il faut que je réagisse, que je relaie l’info pour que les gouvernants puissent l’entendre et trouver des solutions », indique-t-il.

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N2A est même appelé artiste chroniqueur parce qu’à chaque situation, il sort une chanson pour interpeller les gouvernants (le cas par exemple de la pénurie de gaz butane).

Quant à la symbolique de la couleur jaune qu’il a fait sienne, il en donne trois raisons. Premièrement, il explique que tout petit, il suivait une course cycliste à la télévision avec son grand-père qui lui a fait comprendre que celui à qui on donne le maillot jaune était le meilleur. D’où l’adoption de la couleur jaune, « parce que je veux être le meilleur de ma génération ». Ensuite, la couleur jaune signifiant aussi lumière, il dit aimer la lumière, « car je rêve de briller ». En fin, par rapport à la couleur jaune qui se trouve au milieu du tricolore national, l’artiste engagé dit être l’intermédiaire entre « Akouma » et la population dont il relaie les doléances au premier.

En dehors de la musique, ce père de deux enfants partage également son temps dans les salles de conférence où il échange avec les jeunes sur l’éveil de conscience. Il a aussi organisé des actions caritatives, notamment un concert en décembre 2021 dont les revenus ont permis de rendre visite à sept familles d’artistes défunts afin de redonner le sourire à leurs enfants à l’occasion des fêtes de fin d’année. Un autre concert en mars dernier a permis à six orphelinats de bénéficier de bourse avec une entreprise de la place pour une formation en menuiserie métallique et bois.

N2A est également dans les affaires. Il est le président directeur général de l’Etablissement « Maillot jaune » qui fait dans diverses activités.