Découverte : Le monde célèbre ce 18 mars la journée des artistes plasticiens, l’occasion pour nous de vous présenter le portrait du jeune plasticien Tallafe Ahmat.
Né le 29 décembre1981 à Abéché Tchad, Tallafe est très tôt attiré par la peinture. Dès ses 14 ans, il explore la couleur en empruntant des bombes de peinture à son père carrossier. Très vite, il sait qu’il veut être artiste. A 23 ans, il part pour Angleterre où il intègre l’Oldham School of Art à Manchester.
Au cours de sa formation, Tallafe explore différents moyens et formes plastiques, notamment le collage et la sculpture en pâte à modeler. Il choisit ensuite de s’orienter vers l’acrylique sur toile, opérant ainsi un retour aux sources. Pour le style, il se forme à l’art du portrait et à l’abstraction. Son inspiration se porte sur ses rêves, dessinant des formes abstraites animées par des couleurs chatoyantes.
Parallèlement, il découvre à travers les médias britanniques les drames des enfants soldats et de la corruption en Afrique. L’artiste décide d’approfondir ses recherches sur ces sujets, c’est ainsi qu’il commence naturellement à les exprimer dans son travail artistique. Dès lors, émergent au sein des couleurs de Tallafe des silhouettes longilignes qui présentent, par leur anonymat, une abstraction qui questionne le public.
En 2008, son diplôme d’artiste professionnel en poche, Tallafe décide de rentrer au Tchad, une année plus tard. Désireux d’aller chercher de nouvelles sources d’inspiration, il décide de s’installer en France à Massy dans l’Essonne. Depuis lors, ses œuvres ont été accueillies dans plusieurs centres d’exposition: en France, en Allemagne, en Belgique, en Suisse, et en Angleterre, aux États-Unis, en Hollande, ainsi qu’à la Maison de l’UNESCO à Paris. Son tableau « Confluences » obtient le prix de la ville de Saints Geneviève-des-Bois au salon de l’Hurepoix 2012.
Que ce soit par la peinture, le collage, la sculpture, le tricotage, Tallafe commence une œuvre en répartissant avant tout les couleurs. Le bleu pour l’amour et l’apaisement, le rouge pour la libération, la turquoise pour la joie et le bonheur. Le geste est important : une peinture appliquée en tamponnant est une alerte lancée, une peinture qui coule est une dénonciation de l’intérêt personnel, de la corruption, un fil noué est le reflet d’une imbrication inextricable des choses. En dernier, il dessine, donnant vie à des silhouettes stylisées. Le fond coloré leur donne une sensibilité et les met en relation.
Chaque figure est ainsi unique, par la forme que l’artiste lui aura concédée selon les couleurs environnantes et la position qu’elle prend sur le fond. Des personnages anonymes émergent ainsi dans l’œuvre de Tallafe. À mi-chemin entre
L’abstraction et la figuration.
L’artiste est en ce moment à N’Djamena pour sa première exposition du 20 au 31 mars à la galérie H2K20 situé à la Villa Cocac de la résidence de l’ambassade de France.