Nodjiwamem Doumdanem, mieux connue sous le nom de Nady Doumdanem, est une figure montante du cinéma et du militantisme féministe au Tchad.
Née le 20 septembre 2000 à N’Djamena, la jeune Tchadienne combine ses talents de réalisatrice, de journaliste et de militante pour œuvrer à la promotion des droits des femmes et à la transformation du paysage culturel tchadien. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle s’est spécialisée en droit privé, tout en poursuivant parallèlement une formation professionnelle en journalisme multimédia.
Depuis 2020, Nady Doumdanem s’investit pleinement dans la mise en lumière des défis et des succès des femmes à travers sa webémission “À nous la parole Femme”. Ce programme, qui dépasse les 30 épisodes, aborde des sujets essentiels tels que les luttes féministes, les inégalités de genre et l’émancipation des femmes, tout en offrant une tribune pour des interviews et des portraits. Une initiative qu’elle a mis en place pour aider les femmes à prendre la parole et à changer la narration de leur propre histoire.
L’engagement de Nady s’étend au-delà du journalisme, avec la cofondation en décembre 2020 de l’association “Fille’ture”, un mouvement visant à promouvoir les droits des filles et à favoriser leur insertion socio-professionnelle dans les secteurs de la culture et du cinéma. Cette association incarne son désir profond de lutter pour l’égalité des genres, en particulier à travers des projets culturels qui donnent une voix aux femmes.
Sa passion pour le cinéma est née dans son enfance, avec un rêve initial de devenir actrice. Mais c’est au lycée, face aux difficultés rencontrées pour concrétiser ses ambitions d’actrice, que Nady a décidé de changer de perspective. Après avoir écrit son premier scénario, “Le Choix d’une Vie”, une mini-série qui explore la vie des lycéens, elle se lance dans l’écriture et la réalisation, un chemin qu’elle trace avec détermination. Pour approfondir ses compétences, Nady poursuit des formations en réalisation et scénarisation, notamment au Tchad, au Burkina Faso et en Éthiopie.
Aujourd’hui, elle a co-réalisé plusieurs projets, dont deux courts-métrages documentaires (Pour elles et la planète et Seconde vie) ainsi que trois fictions (Ada, Le poids du silence et Sang tabou), abordant des sujets aussi variés qu’importants tels que l’hygiène menstruelle, la santé sexuelle et reproductive, la violence sexuelle, et l’utilisation des méthodes contraceptives. Son engagement en tant que réalisatrice s’ancre dans son désir de sensibiliser le public et de changer la perception de certaines problématiques au sein de la société tchadienne.
Pour Nady, le cinéma est plus qu’une passion, c’est une vocation. “Le septième art m’inspire et me donne espoir pour un avenir meilleur“, confie-t-elle. Elle y voit un moyen de préserver et promouvoir les cultures locales tout en offrant une plateforme pour aborder des sujets sociaux, politiques et environnementaux. En plus de son potentiel créatif, Nady croit fermement que le cinéma peut générer des emplois et stimuler l’économie locale, en particulier à travers des secteurs connexes comme le tourisme, la restauration, et le commerce.
Cependant, Nady n’ignore pas les défis considérables auxquels le cinéma tchadien fait face. Le manque d’infrastructures, l’absence d’écoles de cinéma, le financement insuffisant et la sous-représentation des femmes dans l’industrie sont autant d’obstacles qui entravent son développement. “Ces difficultés peuvent être frustrantes, mais elles nourrissent ma détermination à contribuer à un changement positif“, explique-t-elle. Elle plaide pour la création d’écoles de cinéma et de programmes de formation afin de permettre aux jeunes talents d’acquérir les compétences nécessaires à la professionnalisation du secteur.
Dans ses projets à venir, Nady a récemment suivi une formation en transformation numérique à Dakar, avec l’ambition de créer une plateforme numérique dédiée aux cinéastes femmes du Sahel. Elle est également en pleine préparation d’un atelier de cinéma destiné à former 12 jeunes filles en réalisation, gestion du son, écriture de scénario et réécriture d’un court-métrage sur des thèmes aussi forts que le féminicide et la liberté d’expression.