Elle ne laisse échapper aucun détail lorsqu’on lui confie un dossier. Méticuleuse dans le travail tout comme d’ailleurs dans son apparence, Makka Issa Goukouni, cette juriste maniaque et depuis peu Directrice générale adjointe du Conseil des Chargeurs du Tchad, a su en peu de temps gravir des échelons au sein de l’administration.

L’excellence crée toujours des opportunités, une idée qui a germé dans l’esprit de Makka dès son jeune âge. Sa quête d’être la meilleure a commencé dès l’école. « Elle est calme, sympa et bosseuse depuis le lycée », témoigne un ancien camarade.

Après son bac, elle choisit d’étudier le Droit. « J’ai choisi de faire le droit parce que je crois profondément en la justice et en l’égalité des droits. Depuis mon enfance, j’ai été sensible aux injustices, en particulier celles touchant les plus vulnérables », explique-t-elle. Elle obtient une licence en Droit privé et un master en Droit des affaires en Tunisie où elle étudie de 2013 à 2018. Son inspiration lui vient de  ses parents, une mère médecin ayant étudié en Russie et un père fonctionnaire des Finances.

Fin 2018, la jeune diplômée rentre au pays avec le même état de flow et comprend très vite que tout ce qui lui reste c’est d’acquérir plus d’expériences dans son domaine et avoir un bon carnet d’adresses. Elle multiplie donc les stages dans des institutions et cabinets juridiques de la capitale dont l’étude Notariale Bechir Madet, l’Autorité de l’Aviation Civile (ADAC) et le plus prestigieux Cabinet d’avocats « Kreich Avocats SCP », avant de décrocher un premier contrat, avec ce dernier comme Juriste-Conseil.

Puis arrive le monde associatif. Elle se fait facilement une place parmi les acteurs des différentes associations de la place notamment Yali Chad, Future Team, Action-Sourire. « A première vue et son nom donne l’impression qu’elle vient d’un milieu fermé pourtant elle est très simple », lance une collaboratrice. Ce qui lui permet de bénéficier d’une bourse du programme de Leadership du Young African Leaders Initiative (YALI) du Gouvernement américain, initiative du Président Barack Obam et se rend au Sénégal en 2019 pour une formation en leadership, service public et business entrepreneuriat.

En 2020, elle entre dans la Fonction publique comme assistante juridique au ministère de la Fonction publique et fut sélectionnée dans la même année comme défenseur de la Charte Africaine de la Jeunesse auprès de l’Union Africaine sur 2000 Africains de, pour un mandat de deux ans qui s’est achevé en 2022.

En 2021, elle est nommée conseillère juridique du Ministre des Transports, une fonction qui marque un tournant dans sa carrière. Cette dernière fonction devient le véritable déclic pour cette jeune fonctionnaire qui ne se sépare jamais de ses lunettes rondes. Aux coté de sa ministre, elle gère beaucoup de dossiers.

Grâce à ses nombreux voyages (l’une de ses passions à laquelle s’ajoutent la lecture et la photographie) dont 18 pays visités et aux nombreuses formations certifiantes, Makka continue de se perfectionner, enrichissant son ouverture d’esprit et acquérant des innovations à adapter pour le développement du Tchad. Son dernier voyage, fin novembre, l’a menée à Bakou en Azerbaïdjan pour représenter le ministère des Transports dans plusieurs réunions de haut niveau, dont un accord important avec le Sénégal sur des infrastructures de transport résilientes.

Malgré ses occupations, elle réussit le concours national de magistrature et commence sa formation à la prestigieuse École Nationale de la Magistrature comme Auditrice de Justice, aspirant à contribuer au renforcement de l’État de droit au Tchad en tant que Magistrate.

Par ailleurs, elle coordonne l’équipe d’exécution d’un projet de la Banque mondiale sur l’intégration et la connectivité du Tchad et est membre de la Commission nationale de lutte contre la traite des personnes.

Avec son bac+7 et en conciliant ses nouvelles fonctions et son domaine d’étude, Makka aspire contribuer activement au développement économique et social du Tchad. « Je suis convaincue que cela repose sur le renforcement de l’État de droit et la création d’un environnement juridique et économique propice. Je m’engage à travailler pour un Tchad plus prospère et équitable, où chaque citoyen a la possibilité de participer pleinement au progrès du pays », conclut-elle.

Ce parcours ordonné et exemplaire lui a valu une promotion le 29 novembre dernier. Elle est nommée Directrice générale adjointe du Conseil des Chargeurs du Tchad (COC-TCHAD). Cette institution joue un rôle clé dans la facilitation du commerce et du transport au Tchad, en assurant la défense des intérêts des chargeurs et en améliorant la logistique et la connectivité du pays.