Après quelques années passées dans la rue et dans l’alcool, Béguéré Moïse a créé un centre pour prendre en charge les enfants en situation difficile. Mais il ne pense pas s’arrêter là.

Il envisage de créer une grande école pour assurer une bonne éducation des enfants et jeunes en situation difficile. Béguéré Moïse, bientôt 51 ans, revient pourtant de très loin. Natif de Kelo, dans la région de la Tandjilé, dans le sud du Tchad, il s’est très tôt adonné à l’alcool. Il y a pris goût parce que sa mère est une brasseuse des bières traditionnelles, appelées communément « bilbil et argué ».

En plus de l’accord, jeune, Béguéré Moïse consomme aussi beaucoup tramadol, chicha et autres substances nuisibles à la santé. Il suit ensuite son oncle pour aller s’installer au Cameroun. Mais, là-bas, rien ne change. A l’âge de 17 ans, il abandonne l’école pour se consacrer entièrement à la consommation de l’alcool et au vol. Le 06 avril 2001, à 16h exactement, l’abus des produits psychotropes qu’il ingurgite le rend pratiquement fou : il choisit la rue comme sa demeure et son lieu de travail. « Je marchais sale dans la rue comme les fous que vous voyez », confie-t-il aujourd’hui, assis sur une chaise dans son petit bureau à Gassi, dans le 7ème arrondissement de N’Djamena.

À l’époque de sa perdition, ses parents ont eu du mal à endurer cette situation. « Ils en étaient même tombés malades », explique-t-il, d’un air triste. Avant d’ajouter : « Pour eux je n’existais plus.» En 2005, il prend conscience et arrête de consommer de l’alcool et la cigarette. A partir de cette même année, il s’engage dans des multiples formations, notamment religieuses, pour reconstruire sa vie. Deux ans plus tard, Béguéré Moïse quitte Cameroun pour revenir dans son Tchad natal. Et décide d’aider les « enfants de la rue ». Son expérience de la rue l’aide à instaurer rapidement un climat de confiance avec ces derniers.

En 2011, il prend l’initiative de créer un centre pour faciliter la formation et la réintégration socio-professionnelle des enfants. Centre qu’il nomme : « Assemblée Du Christ ». Actuellement, le centre compte 20 enfants dont le plus âgé a vingt ans. « Étant un ancien enfant de la rue, je ne pouvais rester indifférent face à la difficile vie que mènent ces enfants », affirme-t-il.

Aujourd’hui, les enfants vivant dans ce centre bénéficient de plusieurs formations dont la couture. Un cours d’alphabétisation leur est dispensé trois fois par semaine. « Nous voulons que ces jeunes réussissent, qu’ils soient aussi un exemple pour les autres », conclut Béguéré, invitant les parents à bien prendre soin de leurs progénitures et de ne pas perdre l’espoir.