Par un communiqué de presse, le Conseil du commandement militaire pour le
salut de la République (CCMSR) tient à informer l’opinion publique nationale et internationale de la “lourde décision” de la suspension de sa participation au pré-dialogue qui se déroule actuellement à Doha au Qatar.

“Après concertation avec tous les membres des organes du haut commandement du mouvement, cette lourde décision a été prise afin d’éviter de donner le sceau d’approbation au dialogue national avec une junte militaire au pouvoir qui parallèlement entreprend des actions qui laissent présager un agenda caché animé des mauvaises intentions”, indique le communiqué signé du président du CCMSR, Rachid Mahamat Tahir Saleh.

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Le CCMSR qui participe, depuis le 13 mars 2022, au pré-dialogue de Doha au Qatar entre le gouvernement et 52 groupes armés justifie sa décision par les raisons suivantes :

  1. La junte militaire au pouvoir a invité un grand nombre de groupes de faux-opposants fictifs qui sont en réalité des éléments de l’actuel régime au Tchad et dont on n’a appris l’existence qu’à l’inauguration du sommet de Doha. Le but de cette manœuvre étant de noyer la voix des vrais groupes politico-militaires libérateurs du Tchad avec une présence armée réelle sur le terrain afin que la junte au pouvoir puisse imposer un accord à leur avantage.
  2. L’absence d’agenda pour le dialogue préliminaire constitue une défaillance organisationnelle grave. En effet, l’absence de calendrier défini ou de programme clair établi pourra faire perdurer indéfiniment le pré-dialogue sans atteindre l’objectif escompté.
  3. Le refus de la junte militaire au pouvoir de revoir les dispositions de la charte de transition qui accorde trop de pouvoir au chef de ladite junte militaire.
  4. La violation de la trêve durant la période de pourparlers de paix. Nous avons constaté des mouvements suspects près des emplacements de nos troupes dans les zones de Kouribougri et de Tanoua et le déploiement des forces supplémentaires dans des zones stratégiques le long de la frontière.
  5. Le refus de la junte militaire de clarifier sa position en esquivant la question essentielle sur la non-participation de certaines personnes aux premières élections après la transition. En effet, la non-participation aux membres des institutions affiliées à l’autorité de transition (le CMT ou le gouvernement de transition) aux élections après la transition est la condition sine qua non pour assurer une élection libre, transparente et crédible. Or la procrastination de ce point fondamental par la junte témoigne leur mauvaise foi dans la résolution des conflits au Tchad.

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Le CCMSR estime que ces points qu’il a relevés reflètent “la fourberie d’une junte militaire qui ne cherche qu’à piéger les combattants de la liberté dans le seul but de s’éterniser au
pouvoir”.

Ce mouvement demande des éclaircissements ainsi que des garanties de ses partenaires de confiance notamment les médiateurs qataris, l’UA et l’ONU avant de décider de “reprendre le pré-dialogue ou, au contraire, se retirer définitivement”.

Le CCMSR dit tenir pour responsable le Conseil militaire au pouvoir de “la situation actuelle et les conséquences qui en découleront, résultant de leur manque de sérieux et de leur mépris du sort de la nation”.

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Tchadinfos a contacté Saleh Kebzabo, qui dirige actuellement la délégation gouvernementale, en lieu et place de Cherif Mahamat Zène, le ministre des Affaires étrangères, qui prend part à un sommet de la CEN-SAD au Maroc. Mais l’ancien leader de l’opposition dit n’être pas informé de cette décision.

Une autre décision qui intervient 24 heures après que Takilal Ndolassem Hilaire, se faisant passer pour le porte-parole des politico-militaires mais aussi de certains membres de la délégation gouvernementale a lancé un cri d’alarme pour réclamer des per diem au vu de la situation intenable à laquelle ils font face au Qatar.

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