Après deux mois en cavale, Yaya Dillo, a donné un point de presse ce 30 avril à N’Djamena. L’homme a profité de l’occasion pour donner sa position relative à la crise politique actuelle au pays.

Lèvres sèches, regard perçant, Yaya Dillo Djerou, fait ainsi sa première apparition publique ce vendredi 30 avril. Depuis l’assaut des militaires à son domicile qui a coûté la vie à sa mère, l’homme dont la candidature à la dernière présidentielle a été rejetée est enfin apparu officiellement. Cet après-midi, il est vêtu d’un boubou blanc, la tête complétement enveloppée par un turban, et d’une mine exténuée par le carême qu’il observe depuis plus de deux semaines.

“Jamais… au plus grand jamais”, martèle-t-il avec rage. Pour lui, il n’est pas question de faire partie du gouvernement de transition en gestation. Les raisons, il ne les avance pas. S’il a été aussi tranchant par rapport au futur gouvernement de Pahimi Padacket Albert, le candidat du Front nouveau pour le changement (FNC) estime qu’il est dans le dilemme par rapport à la crise politique actuelle.  “Nous ne pouvons pas exiger le retour à l’ordre constitutionnel”, déclare-t-il avec retenue à la presse.

Selon lui, ce feed-back est synonyme de  revenir aux institutions qui ont permis la “fraude électorale”, de donner quitus au fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante, à la Cour suprême, à l’Assemblée nationale. Alors, il n’est pas question. “Au-delà des problèmes politiques actuels, nous optons pour une transition apaisée même si cela ne s’adapte pas à nos convictions d’agir dans l’illégalité”, justifie-t-il son choix.

Pour l’ancien ministre, cela doit passer  par un dialogue inclusif incluant tous les Tchadiens autour d’une table de négociation. “C’est l’issue d’une paix définitive et le début d’un processus démocratique permettant au Tchad de jeter les bases essentielles d’un État de droit”, fait-il ainsi comprendre.

Nous demandons aux autorités actuelles qu’aucune exception ne soit faite en ce qui concerne les renonciations des Tchadiens notamment les politico-militaires et aussi la diaspora. L’homme met aussi en garde les nouvelles autorités en ces termes : “il ne sera pas admissible que cette nouvelle autorité reprend le système ancien dans son intégralité avec les mêmes hommes, avec les mêmes méthodes, et c’est cela que nous allons contester”. En passant l’éponge, il martèle que le pardon a un prix : “nous pardonnons certes mais à condition que les nouvelles autorités tournent définitivement la page noire que nous avons connu pendant 30 ans”. Pourour boucler ce point de presse, Yaya Dillo, exige une transition inclusive qui ne doit pas dépasser 18 mois annoncée par le Conseil militaire de transition au pouvoir depuis le 20 avril, après la mort du président, Idriss Deby Itno.