Environ deux semaines après la prise du pouvoir par le Conseil militaire de transition, un gouvernement de transition dirigé par Pahimi Padacké Albert a été mis sur pied. 30 jours après, quels sont les faits remarquables sous le gouvernement de transition ?

Malgré les diverses contestations, le gouvernement de transition formé le 2 mai a un mois. En un mois, on note des rencontres, nominations, marches, condamnations et des morts sous le gouvernement de transition. Un mois teinté de panoplie des faits qui ont suscités des réactions au sein de la population.

Des dates et faits

Le 6 mai marque leur première rencontre avec le général des corps d’armée, Mahamat Idriss Deby lors d’un conseil des ministres.

Le 8 mai, la Coordination des actions citoyennes Wakit Tama a fait une descente dans les rues de N’Djaména et de quelques villes de province pour manifester son ras-le-bol face à la prise du pouvoir par la junte militaire. Elle réclame le départ du Conseil militaire de transition (CMT), à la tête du pays depuis le 20 avril. Un mouvement de protestation qui a été réprimé par la police nationale. Des arrestations ont été signalées et la manifestation s’est soldée par un mort du côté des manifestants. Dans la même journée, le ministre de la Justice, Mahamat Alhabo a ordonné la libération des manifestants arrêtés lors de la marche du 27 avril, à l’exception de ceux qui ont ’’commis des délits avérés’’.

Le 9 mai, l’armée nationale a regagné la capitale N’Djaména après des semaines d’affrontements avec les ’’rebelles’’ du FACT dans le Nord Kanem.  Le chef d’état-major des armées, Abakar Abdelkérim Daoud, a revendiqué la victoire de l’armée tchadienne face aux ’’rebelles’’ du FACT après des attaques. “Tout est fini, le territoire national est sécurisé”.   

Le 11 mai, l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE), dans un communiqué de presse avait menacé d’entrer en grève.  Il a fallu des rencontres entre le personnel, la direction de l’ATPE et le ministère de la communication pour des négociations.

Le 12 mai, les ministres se sont réunis en conseil extraordinaire au cour duquel le gouvernement de transition a décidé d’arrêter un programme politique. Le programme a été exposé et adopté par les élus du peuple le 14 mai.

C’est également au cours de la journée du 14 mai que le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine a décidé d’accompagner le Tchad dans la transition.  Une décision suivie par une batterie de mesures à l’endroit du Conseil militaire de Transition.

Dans un contexte tendu au pays, Pahimi Padacké Albert avait effectué son tout premier voyage en tant que Premier ministre de transition à Paris, en France le 18 mai. Il a assisté au sommet sur le financement des économies africaines. Un déplacement qui lui a permis de rencontrer le ministre français des Affaires étrangères et de l’Europe, Jean-Yves Le Drian pour discuter de la transition au Tchad.

Malgré des rencontres et audiences avec des hommes politiques, le 19 mai, la coordination des actions citoyennes Wakit Tama a organisé un autre mouvement de protestation. Il a été suivi dans certaines provinces du pays où des manifestants ont été arrêtés.

Du côté de l’enseignement, le 20 mai, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation a passé un moment effroyable au sein du campus universitaire de Toukra. Elle a été prise en otage par des étudiants. Il a fallu l’intervention de la police pour disperser les étudiants. Plus d’une centaine d’étudiants ont été arrêtés lors de l’incident avant d’être libérés. Sept d’entre eux croupissent à la Maison d’arrêt de Klessoum. Une situation qui a amené les responsables de l’université à suspendre les cours jusqu’au 31 mai.

Dans la même journée du 20 mai, le parlement européen a condamné ‘’la prise du pouvoir par les armes au Tchad’’. Une position que le gouvernement tchadien n’a pas partagé. Pour lui, la situation du pays est ‘’exceptionnelle’’.

Au courant du mois de mai, trois marches pacifiques en soutient au Conseil militaires de transition (CMT), encadrées par la police ont été enregistrées. La première date du 12 mai, organisée par la plateforme ’’nouvelle vision’’. Puis le 15 mai, l’Association tchadienne pour la défense des droits de l’Homme et du développement (ATDDHD) a organisé une marche pour soutenir le CMT. La troisième est celle organisée par la coalition ’’Tchad en marche’’ le 20 mai. Elle a indiqué que c’est une marche pour la paix et la cohésion au Tchad.

Du côté du ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement, quelques décisions ont été prise dans le cadre de l’environnement. Le 21 mai, après être descendu au terrain et constater des coupes d’arbre par l’entreprise pétrolière CNPCIC dans le cadre de ses activités d’exploration, le chef du département de l’environnement, Ahmat Mahamat Lazina a suspendu tous les permis environnementaux relatifs aux opérations de recherche d’hydrocarbure liquides et gazeux dans les blocs pétroliers. Il a fallu attendre quatre jours pour qu’une décision portant levée de la suspension des permis soit prononcée par le ministre.

La date du 21 mai marque aussi la réhabilitation par la Cour d’appel de N’Djamena du défenseur des droits humains, Mahamat Nour Ibedou, à son poste de Secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’Homme (CTDDH). A noter qu’il a été suspendu en première instance à la suite d’une requête d’un membre exclu de son organisation.

Le 22 mai, le ministre de la Sécurité publique, Souleymane Abakar Adam a pris la décision portant interdiction de circulation des véhicules à vitres fumées et motos sans plaques d’immatriculation. 

Le 24 mai, un groupe des diplômés sans emploi a exprimé son ras-le-bol pour réclamer l’intégration à la Fonction publique. Ils ont perturbé les cours dans certains établissements scolaires. Un mouvement réprimé par le Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) qui a tiré des gaz lacrymogènes au sein des établissements scolaires. Une réaction qui n’a pas été appréciée par le Syndicat des enseignants du Tchad (SET) section départementale de N’Djamena. Il a appelé ses militants à cesser les activités jusqu’à nouvel ordre. Un appel largement suivi à N’Djamena jusqu’à ce 31 mai. L’annonce de la reprise des cours pour le 1er juin est faite le 31 mai.

Le 30 mai, le gouvernement de transition a, à travers la voix du ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration, Chérif Mahamat Zen dénoncé une attaque contre l’armée tchadienne près de la frontière centrafricaine. Un accrochage qui, selon les deux gouvernements, a fait des morts dans les deux camps.