SOCIETE-La journée de samedi décrétée par la mairie de la ville de N’Djamena pour la salubrité dans les marchés et les quartiers semble être une belle initiative. Mais comme beaucoup de décisions prises par le pouvoir tchadien, cette mesure de la mairie n’est respectée que sur la forme. En plus, elle offre l’occasion à ceux qui sont chargés de l’exécution de se lécher les babines en arnaquant.

La mairie de la ville de N’Djamena  ne cesse d’initier de beaux projets allant dans le sens de l’assainissement. La matinée de chaque samedi est dédiée depuis le 14 août 2018 au nettoyage des marchés et même des quartiers en est un exemple. Quelle belle initiative! Ça ressemble aux décisions prises par les Bourgmestres des pays scandinaves réputés pour être les plus propres du monde. Mais à côté d’une décision héroïque, se trouve un grand mensonge. Parce qu’en fermant les marchés et les petites boutiques ne se reste qu’un laps de temps occasionne la  paralysie de l’économie déjà fragile ou inexistante et faire souffrir une population qui se bat contre la misère. La journée de salubrité n’est qu’une journée creuse, vide de sens, sinon une journée sombre.

Au petit matin du samedi 9 février, un tour au marché à mil, le grand marché en passant par le marché Al-afia nous a permis de constater le respect de la journée de salubrité mais rien que la forme. En fait, toutes les boutiques des marchés tout comme des quartiers sont fermées. Mais à vrai dire, c’est par crainte d’amende qu’elles sont fermées ou non pour le nettoyage.  « Ce n’est pas la journée de salubrité que les gens respectent. Mais les commerçants ont plus peur de l’amende que les agents de la mairie leur infligent s’ils ouvrent les boutiques avant 10h », a fait savoir un commerçant.

Depuis longtemps, la mairie a pris beaucoup  de décisions allant dans le sens de  l’assainissement et la propreté de la ville. Mais le fait capital est le décalage entre la richesse des projets et le caractère décevant des résultats. Appelons cette journée « bombe à retardement ». Sinon comment comprendre qu’on fait attendre pour rien, aucun nettoyage, les commerçants du marché et des quartiers jusqu’à 10heures ? Trouver du pain et du sucre un samedi matin relève de l’exploit. Rien ne bouge. Les pauvres boutiquiers et autres commerçants se confinent devant leurs boutiques, se regroupent autour d’un café, histoire de respecter à la lettre la décision de la mairie. « Nous ne sommes pas contre cette journée mais le problème est que même la mairie ne connait pas ce qu’elle doit faire pendant cette journée. Est-ce que ce nous qui devons nettoyer ou ces agents? », s’interroge un commerçant.

Le paradoxe est que dans la décision de la mairie instituant la journée de salubrité tous les samedis, il est indiqué que cette journée ne commence que de 5h à 8h et non jusqu’à 10h comme le font croire les agents de la mairie.

Fac-similé du communiqué de la Mairie centrale de N’Djamena instituant la journée de salubrité

Plus grave, la police municipale, trouve un moyen pour arnaquer les commerçants. Ils sillonnent marchés et rues manière de veiller au respect de la règle. Pourtant même la règle n’est pas en règle. Tout leur  travail se résume à contrôler ceux qui ouvrent et aussitôt leur demander de payer de l’amende. « Un jour, deux agents de la mairie sont venus trouver ma boutique ouverte et m’ont obligé à payer 2 000F », se souvient Yakhoub, boutiquier. 

Les Tchadiens ne sont pas dupes. Que la mairie cesse avec ses velléités de faire changer les choses mais  en réalité elle ne veut rien changer. Il serait vain de faire des propositions nouvelles si on ne parvient pas à les faire appliquer concrètement.