N’DJAMENA, 18 mars (Xinhua) — Alors que le gouvernement tchadien peine à résoudre la crise provoquée par les manifestations des lycéens contre le port obligatoire du casque pour les motocyclistes, le président Déby Itno a décidé de prendre les choses en main.

Un nouvel appel à la réouverture des écoles et universités le 19 mars, a été lancé mardi soir, à l’issue de plusieurs consultations.

Pour mettre fin à cette crise sociale qui paralyse N’Djamena, capitale tchaienne, depuis deux semaines, le président tchadien Idriss Déby Itno a entrepris, lundi et mardi, une série de consultations avec différentes composantes: les hommes politiques réunis au sein du Cadre national de dialogue politique (CNDP), les syndicats des enseignants, l’Union nationale des étudiants du Tchad (UNET), la Fédération des parents d’élèves, les hommes religieux, etc.

Selon Ali Gabriel Golhor, président du Cadre national de dialogue politique (CNDP, structure de concertation politique regroupant les partis de la majorité présidentielle et de l’opposition et la société civile), le président est venu avec l’ensemble des mesures proposées par les différentes organisations.

“Nous les avons analysées ensemble et nous allons faire la synthèse pour les appliquer. Mais d’ores et déjà, il y a une mesure qui a été prise, c’est l’ouverture des établissements scolaires dès le jeudi prochain”, a indiqué M. Golhor, après une seconde rencontre avec le chef de l’Etat.

Le porte-parole du gouvernement a confirmé, mardi soir sur la radio publique, l’appel à la reprise des cours le 19 mars, exhortant “tout un chacun à la prise de conscience et à la sérénité”.

Le 10 mars, les autorités tchadiennes avaient décidé la fermeture des écoles et universités de N’Djaména “jusqu’à nouvel ordre”, à la suite des manifestations violentes de lycéens contre le port obligatoire du casque à deux roues, qui ont fait, la veille, au moins un mort.

Le 16 mars, soit une semaine après, le ministre tchadien de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hassan Sylla Bakari, a annoncé à radio publique la réouverture des établissements scolaires et universitaires, à partir du 18 mars. Deux heures et demie plus tard, il est revenu sur ses propos, affirmant que les cours reprendront dans les écoles et universités de la capitale “à une date ultérieure”.

Une vidéo mise en ligne quelques jours après les manifestations montre des éléments du Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) qui s’acharnent sur plusieurs jeunes arrêtés pendant les manifestations.

Une information judiciaire a été ouverte sur ces images, non encore authentifiées, qui ont créé l’émoi sur les réseaux sociaux tchadiens et à l’intérieur du pays. Onze policiers ont été ainsi interpellés, a annoncé mardi le procureur de la République près le tribunal de première instance de N’Djaména, Alghassim Khamis, qui n’exclut pas d’autres interpellations suivant l’évolution de l’ enquête en cours.

“Les auteurs des crimes, bastonnades et autres actes subis par les étudiants (qui n’étaient pourtant pas concernés par les manifestations des lycéens), doivent être retrouvés et répondre de leurs actes devant la justice”, a déclaré M. Golhor.

Nadjo Kaina, président de l’Union nationale des étudiants du Tchad (UNET), a déclaré que “nous avons posé quelques exigences qui sont, entre autres, faire la lumière sur les événements passés, à travers une enquête indépendante, et en tirer les responsabilités”.